A Hongkong, ouverture du procès de l’ancien chef de l’exécutif pour corruption
A Hongkong, ouverture du procès de l’ancien chef de l’exécutif pour corruption
Par Harold Thibault
Donald Tsang, à la tête de la région administrative spéciale entre 2005 et 2012, est accusé d’avoir accepté des cadeaux de la part de divers magnats.
Donald Tsang en mars 2012. | PHILIPPE LOPEZ / AFP
Le procès de Donald Tsang, plus haut officiel à être présenté devant la justice de Hongkong, s’est ouvert mardi 3 janvier. A 72 ans, dont sept années à la tête de la région administrative spéciale, entre 2005 et 2012, M. Tsang est jugé pour faute et « acceptation d’avantages », synonyme de corruption. Il a plaidé non-coupable.
L’ancien chef de l’exécutif est accusé de n’avoir pas révélé, au cours des deux dernières années de son mandat, qu’il négociait la location à bon prix d’un appartement à l’homme d’affaires Wong Cho-bau. Ce dernier était propriétaire d’un groupe de médias, DBC, fermé depuis, mais qui, à l’époque, entre novembre 2010 et janvier 2012, demandait à se voir attribuer des licences de radiodiffusion.
M. Tsang se voyait passer une partie de son temps, une fois à la retraite, dans ce luxueux logement de 600 mètres carrés sur trois étages avec piscine et jardin dans une résidence de Shenzhen, ville qui marque la frontière avec la Chine continentale. Il est accusé d’avoir sciemment dissimulé ce conflit d’intérêts.
Très impopulaire
A la même période, le chef de l’exécutif avait proposé que soit attribué un titre honorifique de la ville de Hongkong à un architecte d’intérieur, Barrie Ho, sans prendre soin de préciser que cet homme venait de redécorer cet appartement d’exception.
La fin du mandat de M. Tsang, parfois surnommé « Bow Tie » pour les nœuds papillon qu’il préfère aux cravates, avait été marquée par les révélations sur sa proximité avec les tycoons de la grande place financière asiatique. Il avait notamment accepté de rentrer d’un week-end à Macao sur le yacht d’un milliardaire, Ho Tsu-kwok, actionnaire d’un journal connu pour ses positions favorables au Parti communiste chinois (PCC), le Sing Tao.
Donald Tsang, alors devenu très impopulaire, s’était défendu en disant n’avoir accepté que quatre fois en sept ans les déplacements en yacht ou en hélicoptère proposés par les nombreux milliardaires de la ville et avoir payé à chaque fois – le prix du billet en ferry pour le trajet en yacht, celui d’une place en classe économique pour un voyage en jet à destination de la Thaïlande. Il avait versé des larmes en présentant des excuses pour ces faits en 2012.
Image du chef de l’exécutif ternie
M. Tsang risque jusqu’à sept années de prison. Son procès ne devrait rien faire pour améliorer l’image de la fonction, à l’approche de la désignation en mars, par un comité électoral de 1 200 membres acquis au pouvoir chinois, du quatrième chef de l’exécutif depuis la rétrocession, en 1997, de cette ancienne colonie britannique à la République populaire.
Le successeur de Donald Tsang, Leung Chun-ying, a annoncé le 9 décembre 2016 qu’il renonçait à briguer un second mandat, disant vouloir préserver sa famille. Particulièrement impopulaire lui aussi, M. Leung se voit notamment reprocher sa gestion en 2014 du « mouvement des parapluies », lorsque des étudiants exigeant des réformes démocratiques occupèrent trois artères de cette ville de sept millions d’habitants.
Les couches populaires jugent que M. Leung n’aura à son tour été qu’une marionnette du PCC et des milieux d’affaires, qui se retrouvent sur les thèmes de la stabilité politique et du rapprochement au marché chinois.
En 2014, en pleine crise des parapluies, M. Leung avait déclaré à la presse qu’instaurer le suffrage universel reviendrait « à parler à la moitié de la population de Hongkong qui gagne moins de 1 800 dollars par mois », visiblement pas son cœur de cible politique.