Hamon et Jadot font assaut d’amabilités
Hamon et Jadot font assaut d’amabilités
Le candidat à la primaire à gauche et le leader EELV à la présidentielle se renvoient des déclarations flatteuses et multiplient les mains tendues.
Benoît Hamon, le 3 janvier 2017, dans son QG de campagne à Paris. | OLIVIER LABAN-MATTEI POUR LE MONDE
Benoît Hamon et Yannick Jadot ne font pas mystère de leur proximité, posant quelques questions sur leur volonté d’en découdre pendant la campagne présidentielle si le député socialiste était élu lors de la primaire à gauche.
Mardi 3 janvier, Benoît Hamon a en effet affirmé n’avoir « jamais été aussi proche », « sur le fond » du candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV) à la présidentielle, dans une interview au site Reporterre, réaffirmant qu’il ne sera « plus socialiste sans être écologiste ». « Aujourd’hui, la gauche se recompose. Et elle se recompose, fort heureusement, sur du fond. Sur certaines questions, j’ai des proximités évidentes avec [Jean-Luc] Mélenchon ou [Yannick] Jadot. Sur d’autres, moins », a-t-il déclaré.
La veille, Yannick Jadot, interrogé par Le Talk- « Le Figaro », avait jugé que M. Hamon était « le plus écolo-compatible » des quatre grands candidats à la primaire des 22 et 29 janvier. « Les autres [Manuel Valls, Vincent Peillon et Arnaud Montebourg] sont d’accord sur le nucléaire, le diesel, Notre-Dame-des-Landes, donc ils sont quand même terriblement dans le vieux monde, ce monde qui veut plutôt défendre et financer l’économie du passé, plutôt que d’investir dans le nouveau monde », avait déclaré le candidat écologiste.
« Logiciel écologiste »
Premier à s’être lancé, en août, dans la course à la primaire, M. Hamon a eu le temps d’installer dans l’opinion de gauche ses thèmes de campagne, et notamment ses propositions écologiques. Regroupées dans un paquet de douze mesures, elles incluent notamment la sortie du diesel et l’objectif de 50 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2025, la lutte contre les perturbateurs endocriniens ou encore l’obsolescence programmée des appareils électroniques. Des thèmes qui trouvent un accueil favorable parmi un électorat jeune, actif et urbain, dont les « hamonistes » font le pari qu’il constituera le cœur de la participation de la primaire à gauche.
Yannick Jadot, en novembre 2016, au QG du parti EELV. | ALAIN JOCARD / AFP
« Il y a une spécificité d’Hamon qui a su intégrer le logiciel écologiste. C’est une évolution rapide et importante, et quand il dit qu’il ne sera plus jamais socialiste sans être écologiste, ça veut dire qu’il met l’écologie avant le socialisme », reconnaissait, mi-décembre, au Monde, David Cormand, le secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts.
Une alliance d’intérêts
Que cache l’idylle entre les deux hommes ? Benoît Hamon et Yannick Jadot ont un intérêt commun évident à laisser leur épée dans le fourreau. Le premier, qui rêve de créer à gauche la même surprise que François Fillon à droite, a besoin des voix écologistes pour l’emporter face aux poids lourds auxquels il est opposé à la primaire. Le second, qui a invité mardi le premier à le rejoindre s’il était défait fin janvier – « qu’il vienne, qu’il nous rejoigne, qu’il apporte ses compétences, ses idées, son énergie » –, a besoin du soutien des « hamonistes » s’il veut effacer le score (2,31 %) obtenu par Eva Joly en 2012.
Et si Hamon venait à remporter le scrutin à gauche le 29 janvier, les idées écologistes y trouveraient un écho plus important encore, alors que Jadot ne croit pas lui-même en sa victoire – « je ne crois pas qu’il y aura un président écologiste en 2017 », avait-il déclaré en octobre.
Si, pour Benoît Hamon, « il n’y a pas que du négatif » dans le bilan du gouvernement en matière environnementale – « il y a eu une impulsion sur la COP21 et une vraie impulsion sur la loi de transition énergétique », estime-t-il mardi –, il prend soin de s’en démarquer en matière nucléaire. Il y a eu « des objectifs fixés politiquement et validés par le suffrage universel qui n’ont pas été tenus ». Le candidat socialiste à la primaire à gauche accuse « la formidable efficacité de lobbying de l’industrie nucléaire dans ce pays ». Ajoutant : « Ce qui va rester de ce quinquennat, c’est qu’on n’aura rien fermé du tout. » Des propos que n’aurait sûrement pas désavoués Yannick Jadot.