Martin Shkreli est entrepreneur dans le domaine pharmaceutique. Il avait été inculpé pour fraude en 2015. | SETH WENIG/AP

Martin Shkreli n’est pas à un scandale près. Haï pour avoir drastiquement augmenté le prix d’un médicament en septembre 2015, inculpé pour fraude trois mois plus tard, cet entrepreneur américain connu pour ses provocations s’est de nouveau fait remarquer ces derniers jours, en harcelant sur Twitter la journaliste Lauren Duca. Dimanche 8 janvier, Twitter a réagi en suspendant son compte, suivi par environ 200 000 personnes.

Le point de départ de cette nouvelle affaire est sans doute la publication, le 10 décembre, d’une tribune de Lauren Duca à charge contre Donald Trump, accusant le président élu de mensonges et de manipulation. Très relayé, critiqué par les pro-Trump, ce texte a mis en lumière la journaliste, interrogée à l’occasion par plusieurs médias.

Montages photo

Jeudi dernier, elle a publié sur Twitter une capture d’écran montrant un message privé que lui avait envoyé Martin Shkreli, soutien affiché de Donald Trump, lui proposant d’être sa « + 1 » à la cérémonie d’investiture du 20 janvier. « Je préférerais manger mes propres organes », avait-elle commenté.

Dans la foulée, l’entrepreneur de 33 ans a modifié le texte de présentation de son profil, écrivant qu’il « craque » pour la journaliste. Il a également modifié sa photo de profil, pour afficher une image de Lauren Duca et de son mari, en remplaçant le visage de ce dernier par le sien. Martin Shkreli a aussi changé la bannière de son compte pour y afficher de multiples images de la journaliste et tweeté qu’il avait acheté le nom de domaine marrymelauren.com (« épouse-moi Lauren »). Ses abonnés ont pris le relais, publiant des montages photos le mettant en scène avec la journaliste. Un compte, utilisant son nom et sa photo, l’a présentée comme une « connasse ».

Exaspérée, Lauren Duca a demandé publiquement à Jack Dorsey, le PDG de Twitter, « comment cela [était] possible ». Peu après, le compte de Martin Shkreli a disparu des écrans.

Menaces

Ce qui n’a pas pour autant marqué la fin des ennuis de la journaliste, qui a depuis, explique-t-elle, reçu des e-mails la menaçant de piratage et de publication d’informations privées. « Pourquoi le harcèlement est-il un risque systématique dans la carrière d’une femme qui reçoit de l’attention professionnelle ? », a-t-elle ensuite tweeté.

Le harcèlement est un problème récurrent sur Twitter, qui tente avec difficulté de le combattre. Cet été, le réseau social avait suspendu le compte d’un journaliste conservateur emblématique, Milo Yiannopoulos, après une campagne de harcèlement contre l’actrice américaine Leslie Jones, après la sortie du film Ghostbusters.

Peu avant la suspension de son compte, Martin Shkreli avait été contacté par le site américain The Verge, a qui il avait assuré qu’il ne harcelait pas la journaliste « contre sa volonté », puisque, selon lui, elle ne lui avait ni répondu ni demandé de s’arrêter.

Ce qui ne devrait pas l’aider à redorer son blason. L’entrepreneur avait été qualifié par la BBC d’« homme le plus haï des Etats-Unis » en septembre 2015. Alors à la tête du laboratoire pharmaceutique Turing Pharmaceuticals LLC, il avait fait passer le prix du Daraprim, un médicament utilisé contre le paludisme et pour certains patients atteints du VIH, de 13,50 dollars (12,50 euros) le comprimé à 750 dollars. En décembre 2015, il avait été inculpé dans une autre affaire, accusé de fraude et de détournement de fonds. Il avait à nouveau fait parler de lui en janvier 2016 en menaçant d’endommager le dernier album du groupe de rap Wu-Tang Clan, dont il détenait l’unique exemplaire.