Le milieu péruvien Carlos Ascues à la lutte avec l’attaquant vénézuélien Jose Rondon, durant la Copa America 2015. | JUAN BARRETO / AFP

La Coupe du monde à quarante-huit pays, c’est une belle occasion pour Gianni Infantino, le nouveau président de la Fédération internationale de football (FIFA), de renvoyer l’ascenseur aux pays qui l’ont élu à la tête de l’institution, mais c’est aussi une belle occasion pour les fans de football de perfectionner leurs connaissances en géographie.

En effet, l’élargissement de la Coupe du monde à seize nations supplémentaires à partir de l’édition 2026 ouvrira la compétition à de nouveaux pays. La logique sportive voudrait que l’Europe dispose de la majorité des nouveaux sésames, mais la logique de la FIFA – électoraliste pour ses détracteurs, universaliste pour les autres – conduira la fédération internationale à ouvrir grandes les portes aux autres continents.

Selon les informations du Times, les quotas, qui seront tranchés prochainement, font déjà l’objet d’un consensus, même si des modifications à la marge peuvent avoir lieu.

Pour comprendre ce tableau, il faut savoir que :

- La Concacaf est la confédération d’Amérique centrale et d’Amérique du Nord ;

- Les « demi-places » correspondent à des matchs de barrage (comme il en existe actuellement entre, d’une part, une sélection d’Amérique centrale et une sélection océanienne, et une sélection sud-américaine et une sélection asiatique) ;

- L’Australie est actuellement versée dans la zone Asie.

Enfin, le Times explique qu’un projet alternatif consisterait à fusionner l’Océanie et l’Asie et à leur attribuer dix places.

Sur la base de ce projet, l’Afrique et l’Asie apparaissent comme les deux continents les plus avantagés par la réforme.

Un bond en avant pour l'Afrique et l'Asie
Evolution des places allouées pour la Coupe du monde à 48
Source : The Times

Le classement FIFA au 22 décembre 2016, quoique imparfait, donne une autre vision des équilibres actuels, avec vingt-sept sélections européennes parmi les quarante-huit premières.

L'Asie et la Concacaf sur-représentées ?
Présence par continent au sommet du classement Fifa et nombre des places allouées à la Coupe du monde 2026
Source : The Times

Cette répartition à l’avantage des quatre autres continents rendra la compétition accessible à des pays n’ayant jamais disputé la Coupe du monde. Voici lesquels peuvent désormais en rêver.

Asie : le Qatar peut voir venir ; l’Ouzbekistan monte

Le Qatari né Uruguayen Sebastian Soria à la lutte avec l’Ouzbekistanais Alexander Geynrikh, en match éliminatoire pour la Coupe du monde 2018. | KARIM JAAFAR / AFP

Avec la Corée du Sud, le Japon et l’Australie, désormais des valeurs sûres du football international, quatre autres pays ont réussi à se glisser en phase finale de Coupe du monde depuis 1998 : Arabie saoudite, Iran, Chine et Corée du Nord.

Mais les résultats les plus récents ainsi que ceux des compétitions de jeunes désignent d’autres valeurs montantes, qui pourraient briguer l’une des huit places qualificatives ou celle de barragiste, telles que l’Ouzbékistan, l’Irak et le Qatar. L’Ouzbekistan est d’ores et déjà en lice pour se qualifier pour la Coupe du monde 2018 et le Qatar organisera la compétition en 2022.

Huit qualifiés directs sur la base des éliminatoires à la Coupe du monde 2014 [en gras, pays n’ayant jamais disputé la phase finale] : Japon, Corée du Sud, Australie, Iran, Ouzbekistan, Qatar, Jordanie, Oman

Sur la base de la Coupe d’Asie des nations 2015 : Japon, Corée du Sud, Australie, Chine, Iran, Irak, Ouzbekistan, Emirats arabes unis

Sur la base du classement FIFA : Japon, Corée du Sud, Australie, Chine, Iran, Arabie saoudite, Ouzbekistan, Emirats arabes unis

Afrique : de la place pour tous

Le Burkinabé Jonathan Pitroipa dribble le gardien du Bostwana Dembe Kabelo lors d’une match qualificatif pour la Coupe d’Afrique des Nations 2017. | AHMED OUOBA / AFP

Le niveau dense du football africain fait que le nom des représentants du continent varie grandement d’une Coupe du monde à l’autre. Au total, onze pays ont déjà participé au Mondial, et le Ghana est la seule sélection à avoir participé aux trois derniers rendez-vous.

La hiérarchie est mouvante, mais sur la base des résultats de ces dernières années, le Burkina Faso peut nourrir de solides espoirs, mais aussi l’Ouganda ou le Mali, dont les moins de 20 ans ont terminé troisième de la dernière Coupe du monde.

Neuf qualifiés sur la base des éliminatoires à la Coupe du monde 2014 (dix pays au dernier tour ; [en gras, pays n’ayant jamais disputé la phase finale] : Côte d’Ivoire, Sénégal, Ethiopie, Nigeria, Tunisie, Cameroun, Ghana, Egypte, Burkina Faso, Algérie

Sur la base de la Coupe d’Afrique des nations 2015 : Congo, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Algérie, Tunisie, Guinée équitoriale, Ghana, Guinée, Sénégal

Sur la base du classement FIFA : Sénégal, Côte d’Ivoire, Tunisie, Egypte, Algérie, République démocratique du Congo, Burkina Faso, Nigeria

Amérique du Sud : le Venezuela, enfin ?

Le milieu péruvien Carlos Ascues à la lutte avec l’attaquant vénézuélien Jose Rondon, durant la Copa America 2015. | JUAN BARRETO / AFP

C’est la zone qui verrait la plus grosse proportion de pays envoyés à la Coupe du monde (60 %). Resteraient à la porte les quatre derniers du minichampionnat de dix pays.

L’occasion, peut-être, pour le Venezuela, seul pays sud-américain à n’avoir jamais disputé la phase finale, d’y goûter enfin.

Six qualifiés sur la base des éliminatoires à la Coupe du monde 2014 [Brésil qualifié automatiquement ; en gras, pays n’ayant jamais disputé la phase finale] : Brésil, Argentine, Colombie, Chili, Equateur, Uruguay

Sur la base de la Copa America 2016 : Equateur, Argentine, Venezuela, Pérou, Colombie, Chili

Sur la base du classement FIFA : Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Uruguay, Pérou

Amérique centrale et Amérique du Nord : le retour de Haïti et de la Jamaïque ?

Supporteur des « Reggae Boyz » jamaïcains durant la Coupe du monde 1998. | GERARD CERLES / AFP

Avec quarante et une nations membres, la Concacaf est un important réservoir de voix pour les élections à la FIFA. Elle est d’ailleurs au cœur des derniers scandales de corruption au sein de la Fédération internationale.

Fort logiquement, elle se verrait décerner, selon le Times, un contingent de six places plus une de barragiste – face au barragiste asiatique, sans rapport avec le niveau de ses sélections. Le Mexique, les Etats-Unis et à un degré moindre le Costa Rica sont les puissances footballistiques du coin, qui font toutefois saliver tous les amateurs de belles histoires : la Jamaïque ou Haïti, une participation chacune, se retrouvent désormais en position de revenir en Coupe du monde. Et un éventuel barrage aller-retour entre Oman et Trinité-et-Tobago pourrait être sponsorisé par Lonely Planet.

En revanche, le football de Cuba ne se porte pas très bien, et le Canada préfère toujours le hockey.

Les Etats-Unis font figure de grands favoris pour accueillir la Coupe du monde 2026, première de l’histoire avec quarante-huit équipes participantes. Dans cette optique, la Concacaf bénéficierait de six places et demie en plus des Etats-Unis. Dans le cas d’une association avec le Mexique ou le Canada, comme cela est envisagé, le quota passerait probablement à cinq places et demie, en plus des Etats-Unis et du pays coorganisateur.

Six qualifiés directs sur la base des éliminatoires à la Coupe du monde 2014 [en gras, pays n’ayant jamais disputé la phase finale] : Mexique, Etats-Unis, Costa Rica, Honduras, Panama, Jamaïque

Sur la base de la Copa America 2016 : Mexique, Etats-Unis, Costa Rica, Jamaïque, Haïti, Panama

Sur la base du classement FIFA : Costa Rica, Mexique, Etats-Unis, Panama, Haïti, Honduras ou Curaçao (pays à égalité au classement FIFA)

Océanie : la Nouvelle-Zélande invitée permanente ?

Dans l’optique où un quota serait effectivement alloué à l’Océanie, la Nouvelle-Zélande, déjà présente en 1982 et 2006, pourrait presque compter sur une qualification automatique. Les All White possèdent en effet une certaine marge sur les petites îles « voisines ». Toutefois, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie se rapprochent du niveau des Néo-Zélandais, comme l’ont montré les récentes compétitions continentales.

Europe : peu de places pour rêver

Avec trois tickets supplémentaires, l’Europe ne représenterait plus qu’un tiers des engagés contre 40 % aujourd’hui. Le continent étant déjà bien loti, il est rare que de grands pays européens de football ne se qualifient pas pour la Coupe du monde (Pays-Bas en 2002, Portugal en 1998...).

Peu nombreuses sont les sélections européennes encore en attente d’une qualification pour la Coupe du monde, mais l’Islande, l’Albanie ou le jeune Monténégro en font partie. L’élargissement de l’Euro de seize à vingt-quatre pays depuis l’an passé permettra de découvrir certains aspirants.

Seize qualifiés directs sur la base des éliminatoires à la Coupe du monde 2014 [en gras, pays n’ayant jamais disputé la phase finale] : Belgique, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Russie, Bosnie-Herzégovine, Angleterre, Espagne, Grèce, Croatie, Portugal, France, Ukraine, Suède, Islande

Sur la base de l’Euro 2016 : Suisse, Pologne, Croatie, Portugal, pays de Galles, Irlande du Nord, Hongrie, Belgique, Allemagne, Slovaquie, Italie, Espagne, France, république d’Irlande, Angleterre, Islande

Sur la base du classement FIFA : Allemagne, Belgique, France, Portugal, Espagne, Suisse, pays de Galles, Angleterre, Croatie, Pologne, Italie, Islande, Pays-Bas, république d’Irlande, Turquie, Slovaquie

Pour résumer, les « Ouh ! Ouh ! Ouh ! » gutturaux et claquements de mains des supporteurs islandais qui avaient animé les travées de l’Euro 2016 devraient bientôt résonner dans les stades du Mondial.

Iceland celebrations vs England in full: Slow hand clap
Durée : 00:42