Un des premiers Français à être parti faire le djihad en Syrie a été expulsé de Turquie
Un des premiers Français à être parti faire le djihad en Syrie a été expulsé de Turquie
Le Monde.fr avec AFP
Kevin Guiavarch se dit « repenti » de l’organisation Etat islamique, dont il est soupçonné d’avoir été un recruteur. Il a été placé rétention à son arrivée en France.
Figure du djihadisme français, Kevin Guiavarch, a été transféré dans la soirée du vendredi 20 janvier de Turquie vers la France. L’homme, qui est l’un des premiers à être parti combattre en Syrie, a immédiatement été placé en rétention. Il devrait être présenté à un juge samedi en vue de sa mise en examen.
Soupçonné d’avoir été un recruteur de l’organisation Etat islamique (EI), Kevin Guiavarch 24 ans a rejoint la Syrie fin 2012, d’abord dans les rangs du Front Al-Nosra, la branche locale d’Al-Qaida, avant d’intégrer l’EI.
Egalement soupçonné d’avoir joué un rôle dans le financement de l’organisation djihadiste, les Nations unies l’avaient placé le 23 septembre 2014 sur sa liste noire des combattants les plus dangereux, faisant ainsi l’objet de sanctions internationales et d’interdictions de voyager.
En juin 2016, il avait quitté la Syrie avec ses quatre femmes et leurs six enfants, adressant une lettre aux autorités françaises dans laquelle il s’est dit être « un repenti » de l’EI. Il avait été interpellé en Turquie et incarcéré dans l’attente d’un procès.
Quelques semaines après avoir expulsé ses épouses vers la France, où elles ont été mises en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et placées en détention entre octobre et novembre 2016, Ankara a finalement décidé de remettre Kevin Guiavarch à Paris.
Des zones d’ombre
Le jeune homme, d’origine bretonne, se serait converti à l’âge de 14 ans. La justice française s’est intéressée à lui en 2014, après le départ d’une mineure, originaire de Troyes dans l’Aube pour la Syrie. L’adolescente avait finalement été récupérée par sa famille en Allemagne, mais l’enquête avait établi qu’elle avait été recrutée, via les réseaux sociaux, par le djihadiste.
Les enquêteurs avaient aussi découvert qu’« il utilisait sa mère pour financer ses activités terroristes », d’après une source proche du dossier. Cette dernière recevait des mandats en provenance de plusieurs pays étrangers destinés à son fils et les envoyait, par Western Union, à un destinataire en Turquie, selon cette source citée par l’Agence France-Presse. En octobre 2014, elle avait été, avec son compagnon et une jeune femme, mise en examen et placée sous contrôle judiciaire.
Le parcours de Kevin Guiavarch comporte encore de nombreuses zones d’ombre pour les enquêteurs : Pourquoi a-t-il pris contact avec la France ? Quelles sont ses motivations réelles ? S’agit-il véritablement d’un repenti comme il le prétend ? Désormais sur le sol français, les autorités espèrent qu’il pourra livrer des informations précieuses sur l’organigramme et le financement de l’EI.
Environ 700 Français se trouvent actuellement en Irak et en Syrie aux côtés du groupe Etat islamique, selon Paris, et plus 200 djihadistes français sont morts en Syrie. Au 31 décembre 2016, 348 personnes étaient mises en examen en France pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.