Le président mexicain Enrique Pena Nieto le 23 janvier. | RONALDO SCHEMIDT / AFP

Plusieurs personnalités de l’opposition mexicaine ont exhorté mercredi 25 janvier le président Enrique Peña Nieto d’annuler sa rencontre avec son homologue américain Donald Trump pour protester contre le projet de Washington de bâtir un mur à la frontière entre les deux pays.

« L’annonce de la construction du mur de@realDonaldTrump avant la visite d’@EPN (Peña Nieto) est un affront au Mexique », a écrit sur Twitter l’opposante Margarita Zavala, potentielle candidate du parti conservateur (PAN) à l’élection présidentielle de 2018. « La visite doit être remise en cause », a ajouté Mme Zavala, avec le hashtag #noalmuro, « non au mur ».

Donald Trump a signé mercredi un décret lançant le projet de construction d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour endiguer l’immigration clandestine, la promesse la plus emblématique de sa campagne. Le président américain affirme que le coût de sa construction sera pris en charge par le Mexique, ce que Mexico réfute catégoriquement.

Rencontre fin janvier

Cette décision intervient au moment où les ministres mexicains des Affaires étrangères et de l’Economie se trouvent à Washington pour préparer une rencontre entre le président américain et son homologue mexicain prévue pour le 31 janvier, cinq mois après une visite de M. Trump au Mexique, critiquée à l’époque par l’opposition.

Le porte-parole de M. Peña Nieto (membre du Parti Révolutionnaire Institutionnel, social-démocrate), Eduardo Sanchez, n’a pour l’heure pas réagi à l’annonce de M. Trump.

Armando Rios Piter, sénateur du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), troisième parti politique plus important du pays, a appelé le chef de l’Etat mexicain à annuler son voyage aux Etats-Unis, qualifiant le lancement du projet de mur d’« acte hostile ».

Pour le sénateur Miguel Barbosa, un des dirigeants du PRD, le mur et l’« attaque » contre les « villes-sanctuaires » aux Etats-Unis - qui entendent protéger les immigrants clandestins - sont des « actes d’agression envers le Mexique, envers l’Amérique latine, contre le monde, contre la liberté »

#Putaindemur

Donald Trump a aussi annoncé dimanche vouloir renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), entré en vigueur en 1994, avec le Mexique et le Canada.

Le ministre mexicain de l’Economie Ildefonso Guajardo a averti mardi que son pays pourrait se retirer du traité de libre-échange si les négociations portaient atteinte aux intérêts du Mexique.

Le sénateur du PAN Roberto Gil a de son côté considéré que les visites de délégations mexicaines à Washington « n’avaient de sens que pour signifier (aux Américains) qu’il n’y aura pas de rencontre » entre MM. Nieto et Trump la semaine prochaine.

Quant à l’ancien président mexicain Vicente Fox, il s’en est pris avec virulence au porte-parole de la Maison Blanche : « Sean Spicer, je l’ai dit à@realDonaldTrump et je vous le dis maintenant : le Mexique ne paiera pas pour ce putain de mur. #Putaindemur », a-t-il grondé en anglais sur Twitter.

Inquiétude à la frontière

Au poste frontière entre Tijuana (nord-est) et San Diego en Californie, des Mexicains ne cachaient pas leur inquiétude. « Beaucoup de gardes (frontières) sont très despotiques et arrogants, et Trump leur donne carte blanche pour l’être davantage encore », regrettait Julian Tamayo, 49 ans, tandis qu’il patientait dans son véhicule avec sa femme et sa fille au milieu d’une longue file d’attente pour se rendre aux Etats-Unis, où il travaille.

Pour Hector Renteria, un étudiant en architecture de 29 ans, les migrants « trouveront d’autres façon de traverser » illégalement. Mais il craignait que le mur « n’affecte le trafic et que les contrôles soient encore plus stricts ».

M. Peña Nieto a promis lundi qu’il n’y aurait « ni confrontation ni soumission » dans les négociations avec l’administration Trump, qui vont porter sur le commerce et l’immigration notamment.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web