Au total, Hillary Clinton a devancé Donald Trump de près de trois millions de votes le 8 novembre 2016, mais il a remporté un nombre nettement supérieur de grands électeurs au sein du collège électoral. | JAY LAPRETE,SAUL LOEB / AFP

Sachant qu’il a fallu cinq ans à Donald Trump pour reconnaître que Barack Obama est bien né aux Etats-Unis, combien de temps faudra-t-il pour qu’il renonce à la thèse d’une fraude électorale massive qui l’aurait privé, le 8 novembre 2016, d’un succès en nombre de voix ? Tôt, mercredi 25 janvier au matin, le président a promis, dans un message publié sur son compte Twitter personnel, « une grande enquête » à ce sujet. Son adversaire démocrate, Hillary Clinton, l’a devancé au total de près de trois millions de votes le 8 novembre, mais il a remporté un nombre nettement supérieur de grands électeurs au sein du collège électoral.

M. Trump avait relancé cette thèse, qu’il est pratiquement le seul à défendre, lundi, devant des responsables du Congrès. Le président avait même avancé des chiffres : entre trois millions et cinq millions de bulletins auraient été déposés dans l’urne par des sans-papiers au bénéfice de Mme Clinton. M. Trump a visé deux Etats qu’il n’a pas nommés, mais l’allusion aux bastions démocrates que sont la Californie et l’Etat de New York n’a échappé à personne.

Légitimité

Interrogé à de nombreuses reprises mardi sur ce qui serait le plus grand scandale électoral de l’histoire des Etats-Unis s’il était avéré, son porte-parole, Sean Spicer, s’était efforcé de défendre ce point de vue. « Le président croit à ce qu’il a dit, il s’inquiète de la fraude, et il continue d’y croire, sur la base d’études et de preuves qui lui ont été présentées », avait-il assuré. Harcelé, il n’avait avancé qu’une seule étude, remontant à 2012, mais qui ne concerne que la mise à jour des listes électorales.

Après la publication des messages de M. Trump, son porte-parole a défendu la légitimité d’une enquête qu’il avait plutôt semblé écarter la veille lorsque la presse l’avait mentionnée. « Je ne veux pas commencer à avancer des chiffres, s’est justifié M. Spicer, mais il y a beaucoup de gens décédés qui sont inscrits sur les listes électorales. Il y a des gens enregistrés dans deux Etats différents, parfois dans trois Etats différents. » Selon la presse américaine, deux proches de M. Trump, sa seconde fille Tiffany et son conseiller stratégique Stephen Bannon, se seraient d’ailleurs trouvés dans ce cas.

Lorsque la candidate écologiste à l’élection présidentielle, Jill Stein, avait demandé un recomptage des votes dans trois Etats, elle s’était heurtée à l’opposition de l’équipe de M. Trump. Ses avocats avaient assuré, le 1er décembre : « Toutes les preuves disponibles montrent que l’élection générale 2016 n’a pas été altérée par la fraude ou par des erreurs. »