La Norvège préfère l’Allemagne à la France pour ses nouveaux sous-marins
La Norvège préfère l’Allemagne à la France pour ses nouveaux sous-marins
LE MONDE ECONOMIE
C’est ThyssenKrupp Marine Systems qui a remporté le contrat de 4 milliards d’euros avec la marine norvégienne. Une revanche sur DCNS, qui avait lui remporté le « contrat du siècle » en Australie en 2016.
ThyssenKrupp Marine Systems avait déjà livré ce même type de sous-marins, le Unterseeboot-212, à l’armée allemande en 2013. (Le drapeau bleu-blanc-rouge est celui du Land de Schleswig-Holstein, où est installé le chantier.) | CHRISTIAN CHARISIUS / AFP
Au terme de dix mois d’une âpre compétition, la Norvège a préféré les sous-marins de type Unterseeboot-212 de l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) aux Scorpène du français DCNS. Vendredi 3 février, Oslo a annoncé entrer en négociations finales avec Berlin pour aboutir un accord de gouvernement à gouvernement préalable à la livraison de quatre submersibles, avec une option pour deux supplémentaires, pour 4 milliards d’euros. Ils remplaceront les six bâtiments livrés entre 1982 et 1992 qui devraient être retirés du service à l’horizon 2025.
Dès le départ, TKMS était considéré comme le favori, étant déjà fournisseur de la flotte du pays. Connaissant parfaitement les besoins de la marine norvégienne, il lui était aisé de renouveler l’offre. Le marché lui semblait d’autant plus acquis que les relations entre les deux pays sont fortes.
L’entrée du suédois Saab et de DCNS dans la compétition n’était pas jugée gênante. Mais la compétition a pris une autre tournure, lorsqu’en avril 2016, DCNS a décroché à la barbe de TKMS « le contrat du siècle australien » portant sur la livraison de douze sous-marins. Pas question alors pour les allemands de perdre un autre contrat, car il en allait de la survie de ses chantiers. Pour aider TKMS à l’emporter, Berlin a décidé de lui acquérir deux sous-marins en plus de la commande d’Oslo, permettent aux chantiers navals de baisser leurs prix grâce aux économies d’échelle.
La Pologne et l’Inde dans le viseur
Côté français, il n’était pas possible de faire de même pour les Scorpène, la France ayant déjà une flotte bien constituée. Plutôt que le prix, l’avantage a été poussé sur la technologie, avec un sous-marin plus performant que les actuels, « notamment dans le domaine de la capacité de lutte anti-sous-marine, essentielle pour les opérations et patrouilles dans le Grand Nord », précise DCNS. Une coopération industrielle était aussi prévue avec les chantiers norvégiens.
Les français ont peut-être aussi été pénalisés par la fuite de documents concernant le Scorpène en Inde cet été, même s’il s’agissait d’informations non confidentielles et malgré la campagne d’explication qui a été effectuée auprès des clients potentiels.
Réagissant à ce choix, DCNS a dit regretter la décision de la Norvège « d’interrompre le processus compétitif avant sa conclusion pour sélectionner une solution alternative sous forme d’un achat groupé intergouvernemental avec un autre pays européen ».
La compétition entre les deux pays va se poursuivre en Pologne, qui souhaite s’équiper de six sous-marins. Le Français a remis une offre. Autre piste, l’Inde, pour trois autres bâtiments.