Le président du Turkménistan obtient un troisième mandat avec 98 % des voix
Le président du Turkménistan obtient un troisième mandat avec 98 % des voix
Le Monde.fr avec AFP
Après deux mandats de cinq ans chacun, Gourbangouli Berdimoukhamedov doit cette fois rester au pouvoir au moins sept ans grâce à une réforme constitutionnelle adoptée en septembre.
Le président turkmène, Gourbangouli Berdimoukhamedov, au pouvoir depuis 2006, a obtenu, lundi 13 février, un troisième mandat avec la quasi-totalité des suffrages lors d’une élection jouée d’avance dans ce pays d’Asie centrale, l’un des plus fermés au monde.
L’autocrate, qui se présentait contre huit candidats presque inconnus, condamnés à faire de la figuration, a remporté près de 98 % des votes, a précisé lundi la Commission électorale lors d’une conférence de presse. Plus de 97 % des Turkmènes se sont rendus dimanche à ce scrutin, a précisé la commission.
Après deux mandats de cinq ans chacun, Gourbangouli Berdimoukhamedov doit cette fois rester au pouvoir au moins sept ans grâce à une réforme constitutionnelle adoptée en septembre, qui a également supprimé la contrainte d’âge maximal des candidats.
Dentiste personnel du premier président du pays, Saparmourad Niazov, puis devenu ministre de la santé, Gourbangouli Berdimoukhamedov avait été élu une première fois en 2007 avec 89 % des votes après la mort de M. Niazov et reconduit en 2012 avec un score de 97,14 %.
Pour les experts, cette nouvelle élection dans ce pays riche en gaz de cinq millions d’habitants, majoritairement musulmans, était jouée d’avance, les médias libres et indépendants n’existant pas dans un Etat contrôlé d’une main de fer par M. Berdimoukhamedov. « Le scrutin décidera de l’avenir du peuple au cours des sept prochaines années », a déclaré l’autocrate dimanche matin, lorsqu’il est venu voter dans une école d’Achgabat, la capitale. « Si je suis élu, notre politique d’amélioration de l’aide sociale pour le peuple sera poursuivie », a promis le président de 59 ans.
Culte de la personnalité et régime répressif
Né le 29 juin 1957, M. Berdimoukhamedov a d’abord choisi une carrière de dentiste et s’occupait des dents de M. Niazov avant d’être nommé ministre de la santé par ce dernier, en 1997. Dès son arrivée au pouvoir à la fin de décembre 2006, Gourbangouli Berdimoukhamedov a rapidement mis en place son propre culte de la personnalité, à l’image de son fantasque prédécesseur et des autres pays de la région majoritairement dominés par des dirigeants autoritaires.
Des statues en or à l’effigie des deux hommes ont été construites dans la capitale, Achgabat, où les revenus issus des hydrocarbures ont permis l’édification d’immenses palais de marbre blanc ou la création, en dépit d’un secteur touristique insignifiant, d’un aéroport en forme d’oiseau qui a coûté plus de 2 milliards de dollars.
Dans un récent rapport, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé que M. Berdimoukhamedov avait pris « quelques modestes mesures pour renverser certaines des décisions néfastes » de Niazov tout en conservant le caractère répressif qui caractérisait le
régime de son prédécesseur.
Bien que les Turkmènes aient désormais accès à Internet, interdit sous le règne de Niazov, celui-ci est sévèrement contrôlé et le gouvernement a mené une campagne pour couper les télévisions étrangères regardées grâce au satellite par les Turkmènes, note HRW. « Les électeurs ne peuvent pas donner leur opinion sur les élections de façon ouverte et sans peur », poursuit l’ONG internationale.
Disposant des quatrièmes réserves mondiales de gaz, le Turkménistan cherche à donner une image prospère mais a, pour le moment, échoué à diversifier son économie et reste dépendant de ses exportations à la Chine. La devise turkmène, le manat, a ainsi perdu plus de la moitié de sa valeur face au dollar depuis la chute des prix des hydrocarbures, et le système turkmène, selon Annette Bohr, une spécialiste de la région au centre de réflexion britannique Chatham House, consiste essentiellement à « financer un petit cercle parmi les élites et les services de sécurité ». « Cela ne change pas grand-chose si l’homme en haut du système est Berdimoukhamedov ou un autre », assure-t-elle.