Un djihadiste belge condamné pour un assassinat commis en Syrie
Un djihadiste belge condamné pour un assassinat commis en Syrie
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Lundi 13 février, le tribunal d’Anvers (Belgique) a condamné à vingt-huit années de détention Hakim Elouassaki, 24 ans.
Walter Damen (à gauche), l’avocat de Hakim Elouassaki, au tribunal d’Anvers. | DIRK WAEM / AFP
Le tribunal d’Anvers, en Belgique, a condamné, lundi 13 février, à vingt-huit années de détention un combattant revenu de Syrie pour un assassinat commis dans ce pays. Hakim Elouassaki, 24 ans, est le premier « revenu » à subir une telle condamnation. Il aurait tué un chiite en 2013.
En janvier 2013, le jeune habitant de Vilvorde (Brabant flamand) avait dit, au cours d’une conversation téléphonique avec sa petite amie, qu’il venait d’assassiner une personne d’une balle dans la tête. Il avait ajouté qu’il aurait voulu filmer la scène, mais que sa caméra était tombée en panne.
Cet échange téléphonique était la seule preuve matérielle de son geste. Le jeune homme allait, plus tard, avouer l’assassinat, avant de se rétracter, prétextant un trou de mémoire. Il est rentré gravement blessé des zones de combat en avril 2013, avec un éclat de grenade dans la tête.
Un groupe spécialisé dans les enlèvements
Six individus au total, tous anciens membres du groupe Sharia4Belgium, étaient cités à comparaître dans ce procès. En Syrie, ils avaient rejoint un groupe terroriste spécialisé dans les enlèvements des « incroyants » et les demandes de rançon. La famille du chiite n’avait pu rassembler que 30 000 des 70 000 euros exigés. Un autre prisonnier, d’une famille de chrétien arménien avait, lui, pu obtenir sa libération en acquittant les 30 000 euros demandés.
Les cinq comparses de Hakim Elouassaki ont été relaxés. Ils seraient apparus dans une scène de décapitation d’un chiite syrien, mise en ligne en juin 2013. Le ministère public réclamait dès lors des peines de quinze à trente ans de réclusion. Les juges ont toutefois estimé qu’ils manquaient de preuves quant à l’authenticité de ce document, sur lequel les participants ne sont pas reconnaissables. Un seul témoin, le frère de l’un des combattants mis en examen, avait confirmé la participation du groupe à cet assassinat, sans avoir assisté à la scène.
Lundi, toujours, une autre chambre a condamné six membres de l’organisation Way of Life. Lié à l’organisation Etat islamique, ce groupe également actif à Anvers envoyait des jeunes en Syrie sous couvert d’œuvres de charité. Un septième prévenu a été acquitté, un huitième a bénéficié d’une peine de quatre ans avec sursis pour avoir démontré sa volonté de se réintégrer dans la société, ont relevé les juges.
Way of Life a pris la succession de Sharia4Belgium après le démantèlement de cette organisation en 2013 et la condamnation de ses principaux dirigeants. Ils auraient envoyé au total une trentaine de combattants en Syrie.