Un groupe de parlementaires Les Républicains (LR) s’est réuni lundi 13 janvier au soir à Paris, inquiets de la tournure que prend la campagne de François Fillon après les révélations sur l’emploi présumé fictif de son épouse comme assistante parlementaire. Selon nos informations, dix-sept participants, dont Georges Fenech (Rhône), Sebastien Huygues (Nord) et encore Alain Gest, en lien téléphonique avec l’ancien juppéiste Philippe Gosselin, ont fait le constat de « l’impossibilité de faire campagne » pour le candidat vainqueur de la primaire de la droite.

Mardi 14 février, le député George Fenech a confié au Monde :

Nous avons tous fait le même constat : il est impossible de mener campagne sur le terrain. Les militants sont démobilisés. Nous voulons alerter le candidat. Il faut une réaction. Il nous a demandé il y a deux semaines de tenir quinze jours, nous y sommes et rien n’a évolué.

Les députés présents devraient s’adresser au candidat mardi en fin de matinée, lors de la réunion hebdomadaire du groupe LR de l’Assemblée. Ils comptent demander l’organisation d’un bureau politique du parti, qui ne s’est pas réuni depuis le mois de novembre.

« Nous souhaitons briser cette chape de plomb dans laquelle François Fillon s’est enfermé », a encore indiqué M. Fenech à l’AFP, pour qui le candidat est « dans une forme de déni de réalité ». Il assure qu’il n’y avait « pas d’esprit de revanche » chez les élus présents au dîner, qui n’étaient « téléguidés par personne » et n’avaient « pas de solution alternative » à proposer.

« Désastre annoncé »

Mais il estime que « la solution passe par un bureau politique » LR car « nous savons bien que nous courrons vers un désastre annoncé », que « le navire tangue et menace de couler », a ajouté le député, qui avait déjà jugé « caduque » le résultat de la primaire. Le député Alain Houpert (LR) a dit ce matin sur LCI à propos de la candidature de François Fillon : « Il faut changer d’homme. Il faut avoir l’honneur de le faire. »

La première adjointe au maire de Bordeaux, Alain Juppé, et membre du conseil national de la société civile de François Fillon, Virginie Calmels, a estimé ce matin sur France Inter que les parlementaires réunis lundi soir étaient minoritaires. « Si j’ai bien entendu, on est en train de parler de moins de quinze parlementaires c’est-à-dire moins de 5 % de notre famille politique », a-t-elle dit.

Au-delà des élus, sur le terrain, les militants et sympathisants de droite ont du mal à digérer l’affaire Fillon. A Cognac (Charente), qu’ils soient adhérents du parti, sympathisants, élus de petite commune, ils disent sans fard leur malaise et leur désenchantement. Au point que les dirigeants locaux reconnaissent que les dix semaines de la campagne présidentielle vont être difficiles.

Lire notre reportage à Cognac : « Moi, je ne ferai pas campagne pour Fillon ! »

Les affaires qui menacent François Fillon résumées en trois minutes
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