Manifestation contre les violences policières : « Il y a des actes intolérables »
Manifestation contre les violences policières : « Il y a des actes intolérables »
Par Chloé Marriault
Plus de 2 000 personnes se sont rassemblées samedi à Paris en soutien à Théo L., victime d’un viol présumé lors d’une interpellation policière à Aulnay-sous-Bois.
Venu de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), Albafika, 32 ans, a déjà participé à plusieurs rassemblements de soutien à Théo L., ce jeune victime d’un viol présumé lors d’une interpellation violente le 2 février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Place de la République à Paris, samedi 18 février, ce professeur d’économie et de gestion explique ne « plus se sentir en sécurité face à la police ». « Quand j’étais petit, je voulais être policier. Mais en voyant leurs violences, j’ai compris que ce n’était pas ça, la justice », confie-t-il.
Il ajoute, désabusé : « D’où je viens, les enfants ont peur de la police. Je suis révolté mais je sais pertinemment que même en étant ici, rien ne va changer. Je ne suis pas confiant, on n’est pas assez unis. Beaucoup de gens ne se mobilisent pas en se disant que les autres le feront à leur place ».
« Des bavures qui restent impunies »
Autour de lui, des manifestants scandent « On n’oublie pas, on ne pardonne pas ! », « Police partout, justice nulle part », « C’est l’impunité et l’injustice, alors désarmons la police ! ». Jeunes, moins jeunes, familles avec des enfants… Plusieurs milliers de personnes (2 300 selon la police, entre 4 000 et 5 000 selon les organisateurs) se sont rassemblées pour dénoncer les violences policières. Certaines brandissent une affiche avec les inscriptions « De Zyed et Bouna à Théo et Adama, à bas le racisme et la violence d’Etat ».
Heloïse, 42 ans, participe pour la première à un rassemblement contre les violences policières depuis l’interpellation de Théo L. En tant que simple citoyenne, précise-t-elle, et non comme militante. « Les faits sont choquants, inexcusables. La défense de la police ne tient pas debout, j’attends que justice soit faite. Il devrait y avoir un mouvement d’ampleur pour soutenir Théo, mais aussi pour Adama et les autres. »
Danièle, 63 ans, habitante du 4e arrondissement de Paris, est venue au rassemblement place de la République avec son mari. « Il existe dans la police des actes intolérables, des bavures qui restent impunies. Cela encourage d’autres policiers à agir impunément », déplore t-elle. La police doit, selon elle, retrouver un « caractère de protection de la population », plutôt que de se concentrer sur la « répression ».
« Ne pas les mettre tous dans le même panier »
Julien, 20 ans, étudiant en sciences sociales à l’université de Nanterre, raconte lui avoir assisté à des violences policières lors de rassemblements contre la loi travail au printemps, auxquelles il a participé. Il a vu des manifestants « gazés, matraqués, insultés » et fustige « l’injustice » et « les violences policières dans leur ensemble, pas seulement les violences physiques mais également les humiliations ». « C’est un problème qui gangrène notre société, estime-t-il, les pouvoirs publics ne font pas ce qu’ils devraient faire. »
Espérant un rassemblement pacifique, Ambre, 15 ans, se tient à distance des quelques manifestants qui, en fin d’après-midi, tentent de provoquer les forces de l’ordre. Elle a fait le déplacement de Seine-Saint-Denis avec son amie Maë pour « dénoncer les abus de policiers » mais précise ne pas vouloir « les mettre tous dans le même panier », car « certains essaient de faire bien leur travail ».
Les organisateurs avaient appelé au calme et souhaité une mobilisation statique. Après le dispersement de la manifestation, quelques centaines de personnes s’en sont toutefois pris aux forces de l’ordre. Face aux jets de projectiles, les policiers ont répliqué avec du gaz lacrymogène et des charges. Treize personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police.