Dès juillet à Dubaï

Présenté au CES de Las Vegas en janvier 2016, le drone Ehang 184, capable de transporter un passager, avait d’abord été accueilli comme un projet sympathique mais farfelu. Il faut croire que ce drone-taxi ne restera pas au stade de simple prototype : l’émirat de Dubaï vient d’annoncer son intention de le mettre en service très prochainement. Une date est avancée : juillet 2017, selon l’Autorité des routes et des transports (RTA). Le petit Etat du Golfe, qui a décidé que 25 % de ses moyens de transport seraient autonomes en 2030, indique avoir procédé à des essais qui, visiblement, se sont révélés concluants. Il a même conçu une vidéo promotionnelle où, toutefois, on ne voit pas clairement l’Ehang 184 évoluer avec une personne à son bord…

Self-Flying Taxi Drones Are Coming To Dubai
Durée : 01:12

Sous la surveillance d’un centre de contrôle

L’appareil, qui pèse 200 kg, dispose de huit moteurs électriques (chaque bras en porte deux en vis à vis) développant 106 kW (dans sa première configuration, en tout cas), et peut embarquer une personne, qui devra quelque peu se contorsionner pour accéder au cockpit. Celui-ci ne dispose d’aucune commande permettant de diriger l’appareil car il s’agit bien d’un drone. Le passager peut indiquer sa destination ; pour le reste, il s’en remet à l’Ehang 184 dont le parcours sera suivi par un centre de contrôle au sol. Le drone-taxi peut évoluer à 100 km/h et à 300 mètres d’altitude, pour une autonomie de vol de 23 minutes maximum.

L’Ehang 184 exposé le 13  févrIer à Dubaï. | STRINGER / AFP

Une accélération du programme

A dire vrai, l’annonce faite par les autorités de Dubaï – qui affichent également leur intérêt pour l’Hyperloop, le projet de mode de transport sur coussin d’air dans un tube maintenu à basse pression initié par Elon Musk – paraît assez surprenante. En juin, lorsque l’Ehang 184 avait obtenu de pouvoir engager des tests de faisabilité dans l’Etat du Nevada, ses concepteurs avaient estimé qu’une mise en service ne saurait guère intervenir avant 2020. Rencontrés lors du dernier CES, en janvier dernier, les responsables d’Ehang – qui ont levé 50 millions de dollars pour financer leurs différents projets – précisaient avoir réalisé « deux cents heures de vol, dont certaines avec un occupant à bord » et indiquaient attendre des autorisations de vol de la part des autorités chinoises. Bref, ils se tenaient sur une certaine réserve.

L’habitacle de l’Ehang 184. | Ehang

Des verrous à faire sauter

Il reste encore six mois aux autorités de Dubaï pour confirmer leur projet. Si celui-ci est effectivement mis en œuvre et se transforme en succès, il pourra revendiquer d’avoir commencé à lever plusieurs obstacles. Non pas tant celui de la faisabilité technique, qui n’est pourtant pas mince car faire voler un drone d’un poids total en vol excédant les 300 kg n’a rien de simple, mais celui de la faisabilité juridique. Aujourd’hui, en effet, l’intégration de drones dans l’espace aérien compris en dessous de 300 mètres au-dessus du sol reste un chantier ouvert. La question centrale de la régulation du trafic n’est pas réglée, faute de mise au point d’un système d’évitement automatique efficace. Le dernier verrou à faire sauter porte sur les réserves que suscite spontanément la perspective de sauter à bord d’un taxi volant dépourvu de pilote. Et ce n’est pas le moindre.