Russie : longue perquisition au domicile de la journaliste d’opposition Zoïa Svetova
Russie : longue perquisition au domicile de la journaliste d’opposition Zoïa Svetova
Le Monde.fr avec AFP
Selon Moscou, l’objet de la perquisition portait sur une affaire de blanchiment d’argent liée à l’opposant en exil et ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski.
La journaliste Zoïa Svetova après la perquisition de son appartement. | VASILY MAXIMOV / AFP
Pendant plus de neuf heures, le domicile de l’une des principales journalistes d’opposition de Russie, Zoïa Svetova, a été perquisitionné mardi 28 février.
Perquisition en cours au domicile de Zoïa Svetova, fille de dissidents, visiteuse de prison et journaliste engagée bien connue en #Russie
— mandraud (@Mandraud Isabelle)
Les autorités russes ont affirmé que l’objet de la perquisition portait sur une affaire de blanchiment d’argent liée à l’opposant en exil et ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski. Mais selon Zoïa Svetova, « cette perquisition ne concerne pas [l’ex-groupe pétrolier de Mikhaïl Khodorkovski] Ioukos mais a pour but d’ouvrir une affaire criminelle contre moi ».
Les enquêteurs, des membres des services spéciaux (FSB) et du comité d’enquête, selon Zoïa Svetova, ont recopié le disque dur de son ordinateur et sont repartis avec les ordinateurs de ses enfants et le téléphone portable de son mari.
« C’est un acte d’intimidation. Ils veulent me faire peur parce que je travaille pour Open Russia », a déclaré Zoïa Svetova. « Manifestement, ils veulent me coller une affaire parce que j’écris sur des thèmes sensibles. »
« La perquisition chez Zoïa Svetova, l’une des journalistes et défenseuses des droits de l’homme les plus respectées en Russie, suscite l’incompréhension et l’inquiétude », a réagi le représentant à Moscou d’Amnesty International, Sergueï Nikitine.
Deux fois lauréate du prix Sakharov
Membre de la commission officielle de surveillance des prisons pendant plusieurs années, Zoïa Svetova, 57 ans, a écrit de nombreux articles dénonçant les mauvais traitements et des cas de torture dans les lieux de détention, sur la base de témoignages de prisonniers.
Connue pour son engagement en faveur des droits de l’homme, elle est une chroniqueuse sévère du système judiciaire russe et a accusé à plusieurs reprises les autorités d’avoir condamné des innocents dans des procès montés de toutes pièces, dans des affaires d’espionnage ou à connotation politique.
Elle collabore régulièrement au site Internet Russie ouverte (Open Russia) financé par l’opposant en exil et ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovski, au magazine New Times et à la radio américaine Radio Svoboda (Radio Liberty).
Mikhaïl Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier Ioukos a été condamné en 2005 à huit ans de camp et à cinq ans supplémentaires en 2011 pour « vol de pétrole et blanchiment d’argent », une affaire qu’il a dénoncée comme un règlement de comptes organisé par le Kremlin. Gracié en 2013, il vit aujourd’hui à Londres.
Lauréate à deux reprises du prix Sakharov pour le journalisme, décerné en Russie par des journalistes et défenseurs des droits de l’homme, Zoïa Svetova est la fille de deux dissidents et anciens prisonniers politiques de l’époque soviétique, Felix Svetov et Zoya Krakhmalnikova. Elle est aussi la petite-fille de l’historien Grigori Fridland, fusillé en 1937 pendant les purges staliniennes.