Les droits des femmes, figure obligée des candidats à la présidentielle
Les droits des femmes, figure obligée des candidats à la présidentielle
Par Gaëlle Dupont
Alors qu’aucun des principaux candidats à l’élection ne fait l’impasse sur ce sujet, les propositions sont très variables selon les programmes.
Les droits des femmes semblent s’être imposés à l’agenda des politiques : aucun des principaux candidats à l’élection présidentielle ne fait l’impasse sur le sujet. « Chacun s’indigne des inégalités entre les femmes et les hommes et propose de s’y confronter, observe Olga Trostiansky, la fondatrice du Laboratoire de l’égalité, un groupe de réflexion qui s’apprête à proposer aux candidats de signer son “pacte pour l’égalité”. Mais il y a un décalage entre cette volonté et le manque de propositions d’ampleur suffisante. L’égalité salariale devrait par exemple être au cœur d’une grande conférence sociale qui associe patronat et syndicats. » La portée et le niveau de détail des propositions sont très variables selon les candidats.
- Le Pen : trois lignes parmi les 144 propositions
Marine Le Pen, seule femme parmi les candidats de premier plan, y consacre trois lignes parmi ses 144 propositions. Sa proposition numéro 9 se résume à « lutter contre l’islamisme qui fait reculer leurs libertés fondamentales », « mettre en place un plan national pour l’égalité salariale » et « lutter contre la précarité sociale et professionnelle ».
La candidate du Front national entend donc davantage capitaliser sur sa personne, en se présentant régulièrement comme une femme active, divorcée, mère de famille, qui connaît les problèmes des autres femmes, plutôt que sur des propositions qui restent vagues. Les sujets polémiques ne sont pas abordés dans son programme : aucune référence n’est faite à l’interruption volontaire de grossesse, sujet de discorde au Front national, ni au revenu parental qu’elle proposait (à partir du deuxième enfant) en 2012. Il avait, à l’époque, été interprété comme une volonté de renvoyer les femmes au foyer.
- Fillon : continuité des chantiers engagés
A l’inverse, François Fillon consacre à la « liberté des femmes » un chapitre consistant. Les mères isolées figurent en tête de ses préoccupations : elles seraient prioritaires dans l’attribution des logements sociaux et des places en crèche. Le candidat des Républicains veut donner une plus grande place aux structures privées pour augmenter les capacités d’accueil des jeunes enfants, en incitant les entreprises à créer des crèches et assouplir la réglementation qui encadre la formation des personnels.
Nombre de ses propositions se situent dans la continuité des chantiers engagés sous le quinquennat de François Hollande : le candidat LR propose de « renforcer les contrôles » pour veiller à l’égalité salariale, d’inciter à la mixité des métiers grâce à l’information et « de faire prendre conscience aux jeunes de la valeur de l’égalité homme-femme » dès l’école primaire.
C’était l’objectif des ABCD de l’égalité, lancés en septembre 2013, mais abandonnés en novembre 2014 sous la pression de groupes conservateurs qui contestaient leur bien-fondé. En matière de lutte contre les violences, M. Fillon propose d’augmenter les délais de prescription pour les victimes d’agressions sexuelles, une mesure déjà en partie adoptée en janvier (la prescription pour les victimes majeures a été doublée).
La lutte contre le harcèlement des femmes dans l’espace public, absente en 2012, fait désormais partie des préoccupations des candidats. M. Fillon propose une amende aggravée pour le sanctionner. La même mesure est proposée par Emmanuel Macron.
- Macron : contrôler les entreprises et rendre publics les résultats
Le candidat d’En marche ! veut « faire de l’égalité entre les hommes et les femmes une cause nationale ». Il envisage plusieurs innovations, comme l’individualisation de l’impôt sur le revenu, la création d’un congé de maternité unique quel que soit le statut (indépendante, intermittente) ou la transparence sur les critères d’attribution des places en crèches.
M. Macron veut faire entrer en scène le défenseur des droits, qui devrait « favoriser les opérations de contrôle aléatoires » dans les entreprises et rendre publics leurs résultats. Une mission, dont est aujourd’hui chargée l’inspection du travail, et qui nécessiterait de nouveaux statuts et de nouveaux moyens pour le défenseur des droits.
- Hamon : plus sanctionner le non-respect de la loi
Benoît Hamon défend également le principe du name and shame, qui consiste à rendre public le nom des entreprises qui ne respectent pas la loi sur l’égalité salariale, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et qui ouvre la possibilité de boycottages. Le candidat socialiste, qui se définit comme « résolument féministe », veut lui aussi faire intervenir un nouvel acteur dans ce secteur, une « brigade de lutte contre les discriminations », dont il ne précise pas les contours, tout en amplifiant les moyens de l’inspection du travail et en augmentant les sanctions pour non-respect de la loi sur l’égalité salariale.
Le candidat PS (tout comme François Fillon) promet également une pénalisation plus sévère des partis qui ne respectent pas la parité, ce qui permettrait le doublement promis du budget du ministère des droits des femmes. M. Hamon est le seul à s’intéresser à l’implication des pères dans les activités domestiques, en proposant l’alignement du congé paternité sur le congé postnatal des mères.
- Mélenchon : revalorisation des métiers majoritairement occupés par des femmes
Le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, effectue de nombreuses propositions en faveur des droits des femmes, sans entrer dans le détail de leur mise en œuvre (« renforcer la loi et les moyens contre les violences faites aux femmes », « adopter une loi de lutte contre le sexisme », « abolir la prostitution », « imposer l’égalité de conditions dans les institutions politiques, administratives, économiques, syndicales et associatives », etc.).
Certaines mesures sont plus ciblées, comme l’obligation pour les entreprises de moins de cinquante salariés d’adopter un plan pour l’égalité salariale (elles en sont aujourd’hui exemptées), l’éventuelle interdiction d’accès aux marchés publics en cas de non-respect de la loi, ou la revalorisation des métiers majoritairement occupés par des femmes (qualifications, grilles salariales).