Présidentielle : la gauche en deuxième division
Présidentielle : la gauche en deuxième division
Editorial. Éclipsés par François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, qui se disputent les deux places qualificatives pour le deuxième tour, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon sont pour l’instant condamnés à jouer les seconds rôles de l’élection.
Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. | Le Monde
Editorial du « Monde ». A six semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril, la gauche semble assister en spectatrice impuissante à l’affrontement qui se dessine entre Marine Le Pen, François Fillon et Emmanuel Macron. Les candidats de l’extrême droite, de la droite et du centre se disputent les deux places qualificatives pour le second tour. Jean-Luc Mélenchon, champion de La France insoumise, et Benoît Hamon, porte-voix des socialistes, paraissent condamnés à un match de deuxième division.
En effet, depuis le début du mois de février, les intentions de vote en leur faveur ont stagné, autour de 12 % pour le premier, de 14 % pour le second, selon l’enquête électorale du Centre de recherches de Sciences Po (Cevipof) dont nous avons publié les derniers résultats hier. Quelles que soient leurs initiatives et leurs interventions, leurs campagnes respectives ne parviennent pas à marquer les esprits et, comme on dit, à « imprimer ». Plusieurs raisons expliquent cette atonie.
Tout d’abord, les deux candidats de gauche n’ont tiré aucun bénéfice de la tempête qui a secoué le champion de la droite, François Fillon – ni, à un moindre degré, des embarras judiciaires de la candidate du Front national. Au contraire, le tohu-bohu du « Penelopegate » a tant et si bien alimenté la chronique et les polémiques, polarisé le débat public et retenu l’attention des Français qu’ils ont rendu quasi inaudibles Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. L’un et l’autre ont été éclipsés par le fracas spectaculaire de ce feuilleton. Et, assez logiquement, ni l’un ni l’autre n’ont été en mesure d’attirer vers eux les électeurs de droite écœurés par cette affaire. A ce stade, c’est Emmanuel Macron qui en a été le principal bénéficiaire.
En outre, les deux candidats de gauche sont victimes de l’implacable mécanique de l’élection présidentielle. Dès lors que, pour la première fois depuis l’émergence du Front national, dans les années 1980, sa candidate s’est installée en favorite du premier tour, la question de savoir qui sera son adversaire au second est devenue cruciale. Déjà, hormis les partisans de Mme Le Pen, bien des électeurs se demandent quel sera le vote le plus efficace le 23 avril pour lui faire barrage au soir du 7 mai.
L’impossibilité d’un accord
Benoît Hamon est la première victime de ce réflexe de « vote utile ». Au lendemain de sa victoire à la primaire socialiste (et apparentés), désireux de se montrer unitaire pour trois, il a ostensiblement tendu la main à Jean-Luc Mélenchon et au candidat désigné par les écologistes, Yannick Jadot. Le bilan de cette démarche est globalement négatif. Un temps précieux a été perdu dans ces tractations laborieuses. Le ralliement au prix fort de M. Jadot n’a provoqué aucun déclic. L’impossibilité avérée d’un accord avec M. Mélenchon a entériné la fracture entre deux gauches irréconciliables.
Enfin, le candidat socialiste a semé le trouble au sein de son propre camp. Le voilà, en effet, menacé d’être abandonné par bon nombre de caciques, élus et, au-delà d’eux, électeurs qui non seulement ne se retrouvent pas dans son projet, mais surtout jugent Emmanuel Macron mieux armé pour affronter l’extrême droite et la droite. Les ralliements au candidat d’En marche ! d’un Bertrand Delanoë, d’un Claude Bartolone, voire, demain, d’un Jean-Yves Le Drian et d’autres sont les symboles lourds de cette désaffection.
Il ne reste à Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon que six semaines pour tenter de remonter la pente. Cela ressemble déjà à une gageure.
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