Comment se passent les études en fac de lettres et sciences humaines ?
APB 2017 : les réponses à vos questions sur les fac de lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales
A quoi ressemble une première année en filières lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales ? Quelles sont les exigences de ces disciplines ? Réponses d’un doyen d’université lors d’un chat sur le Monde.fr.
Rentrée universitaire - université Paris Descartes (site de Malakoff) - septembre 2016 | CAMILLE STROMBONI/CC BY-ND 2.0
Vous souhaitez intégrer une des filières suivantes à l’issue de la procédure Admission post-bac (APB 2017) : histoire, géographie, psychologie, langues,sociologie, arts, mais vous n’y voyez pas très clair. Le Monde Campus organisait mercredi 15 mars un après-midi de tchat sur APB. L’occasion pour Philippe Saltel, président de la Conférence des doyens et directeurs d’UFR de lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales, de répondre à vos questions.
« Le Monde » Campus : En quelques mots, à quoi ressemble une première année à l’université en lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales ? Ce sont surtout des cours en amphi ? Quelle est la part de travaux dirigés (TD) ?
Philippe Saltel : Comme toutes les premières années à l’université, un temps d’accueil est organisé (de quelques jours). La première année est composée de douze semaines pour chacun des deux semestres. Chacune de ces séries de douze semaines se termine par une période d’examen (à la fin du premier semestre, et à la fin du deuxième). Il y a ensuite une session de rattrapage en mai-juin généralement. Au quotidien, il y a des cours magistraux (CM) en amphi et des cours de TD en petit groupe (de vingt à quarante étudiants selon les disciplines, soit l’équivalent d’une classe de terminale). 40 % de CM et 60 % de TD environ. Certaines disciplines ont de petits effectifs, les groupes de TD et les cours en amphi sont alors plus ou moins les mêmes. C’est par exemple le cas pour les lettres classiques, la philo, les lettres modernes ou certaines langues (allemand , italien, espagnol). Mais en psychologie, en anglais ou encore en histoire, les effectifs sont plus importants.
Julie : Mes parents ne sont pas d’accord pour que je fasse l’université parce qu’il faut travailler seul. Comment faire pour ne pas être perdu ? Est-ce que l’université accompagne un peu quand même ?
Oui, l’université accompagne. Les dispositifs d’accompagnement dépendent des établissements, mais il y en a toujours. Il y a obligatoirement une cellule d’information et d’orientation. Ensuite , selon les universités, l’accompagnement est fait pas des enseignants référents, des étudiants référents, ou bien dans le cadre d’un tutorat. Ce sont des dispositifs de suivi distincts. Un enseignant référent à la responsabilité d’un groupe d’étudiants, alors qu’un système de tutorat est ouvert à qui veut le suivre. Le cadre du TD est toujours un cadre privilégié pour établir une relation avec l’enseignant. L’université fait beaucoup, même si elle pourrait faire encore mieux. Elle est toujours un « grand » établissement, qui change du lycée bien entendu. Pour ne pas se sentir perdu, je donnerais trois conseils aux étudiants :
- Il ne faut pas vagabonder dans ses options, rester « proche » de sa faculté. Il y a une tentation à l’université, comme l’offre est très riche, d’aller vers des options séduisantes mais éloignées de la spécialité qu’on a choisie. Cette démarche risque de disperser l’étudiant.
- Il faut ensuite s’intéresser à toutes les activités qui sont proposées à l’université : offres culturelles, sportives, associations, et même syndicats étudiants. Ce sont autant d’offres d’activités qui permettent de s’insérer dans l’université, d’y être actif et pas simplement consommateur.
- Il est vrai que l’université demande plus d’autonomie. Il faut donc savoir organiser son temps entre les cours, la bibliothèque universitaire, le travail personnel chez soi, et les autres activités. Les étudiants qui réussissent sont ceux qui savent organiser leur temps.
« Le Monde » Campus : Ces filières attirent largement sans toujours être bien connues. Comment savoir si on s’y plaira, notamment dans les disciplines qui ne sont pas enseignées au lycée ?
C’est en effet le cas en psycho, histoire de l’art, musicologie, sciences du langage ou de l’éducation. Je donnerais donc quatre conseils :
- Prendre connaissance de la discipline, dès aujourd’hui, dans un ouvrage généraliste.
- Consulter les « livrets d’études » sur Internet. On les trouve sur les sites des facultés. Ils expliquent le contenu des cours et les matières. On y découvre par exemple que la musicologie est très théorique.
- Parler avec ses enseignants du lycée. De la philosophie avec son prof de philo, des sciences de l’éducation avec les personnels d’éducation du lycée, etc. Dans les lycées, il y a toujours des ressources d’informations.
- Rencontrer des étudiants de la discipline visée. De plus en plus de facultés organisent ces rencontres.
Prince : Sociologie, psychologie, géographie, langues : ces filières ne préparent pas vraiment à un métier. Mais j’ai quand même envie de faire de la géographie alors que dois-je dire à mes parents pour les convaincre ?
Le projet d’études et le projet professionnel sont deux choses distinctes qui ne viennent pas toujours en même temps, au moins en ce qui concerne les sciences humaines. Les études longues dans la discipline d’origine sont le plus souvent orientées vers la recherche et le doctorat. Ce dernier correspond à un haut niveau de compétences en analyse et en synthèse. Et il va nécessairement être de mieux en mieux reconnu et ainsi améliorer l’insertion professionnelle.
Il existe par ailleurs dans ces disciplines de plus en plus de masters professionnels. C’est le cas des masters MEEF pour l’enseignement. Il y a aussi de plus en plus de masters orientés vers le numérique, l’édition, le patrimoine, l’aménagement du territoire, les bibliothèques, les métiers de la culture et de la com’.
Mais avec une licence, on peut aussi s’orienter ensuite vers d’autres formations qui apprécient les bons « littéraires ». En économie sociale et solidaire, ressources humaines, management par exemple. L’université et son insertion professionnelle sont de moins en moins tubulaires. Aujourd’hui, le projet professionnel se décide au fil des études.
Guillaume : Certaines universités proposent des licences langues étrangères appliquées (LEA) où l’anglais n’est pas obligatoire mais est-ce un choix risqué de ne pas faire d’anglais en LEA ?
Aujourd’hui, on peut considérer que l’anglais est nécessaire, comme l’était le latin à l’époque classique. C’est la langue universelle.
Giugiu : Est-ce que la licence LEA peut me permettre d’intégrer un master MEEF par la suite ? Est-ce que le master MEEF peut être fait dans une autre académie que celle où la licence a été obtenue ?
La licence LEA est moins bien adaptée qu’une licence classique de langues et civilisations étrangères pour partir dans l’enseignement. On peut ensuite évidement passer d’une académie à une autre entre la licence et le master MEEF. Mais une sélection s’opère désormais à l’entrée de tous les masters.
« Le Monde » Campus : Quelles sont les exigences pour réussir dans ces disciplines ?
La première exigence est une bonne maîtrise de l’expression et de la langue françaises. Puis le goût de la culture et de la diversité culturelle (culture nationale, civilisations étrangères, cultures religieuses, etc.). Il faut aussi avoir une bonne capacité de lecture, connaître le plaisir de lire. Car dans toutes ces disciplines-là, il va falloir s’instruire et interpréter les textes. Il y a un rapport aux documents importants. Enfin, il faut lier l’autonomie et le goût du contact avec les autres. La réussite ne se construit pas sans travail de groupe, sans collaboration entre des étudiants qui ne sont pas en concurrence entre eux.
APB 2017 : « Le Monde » Campus vous aide à vous orienter
Donner à comprendre l’enseignement supérieur et le monde de demain afin d’aider lycéens et étudiants à faire les bons choix d’orientation aujourd’hui, telle est l’ambition du Monde Campus, notamment à travers ses rubriques APB, Etudes supérieures et O21, et son événement O21/s’orienter au 21e siècle, qui a été organisé cette année à Lille, à Cenon (près de Bordeaux), à Villeurbanne et à Paris.
Voici quelques articles particulièrement utiles à l’heure de formuler ses vœux d’études supérieures sur APB (la date limite étant lundi 20 mars, à 18 heures, mais avec des délais supplémentaires pour envoyer les dossiers de candidature et classer ses vœux).