TV : « Grace and Frankie », les divorcés de l’an III
TV : « Grace and Frankie », les divorcés de l’an III
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Grâce au jeu de Jane Fonda et Lily Tomlin, la troisième saison de la série de Marta Kauffman et Howard J. Morris divertit en dépit de ses longueurs (sur Netflix à la demande).
Grace et Frankie | Bande-annonce saison 3 | Netflix
Durée : 02:02
Honnêtement, nous n’étions pas certains, à l’issue de la saison 2 de « Grace and Frankie » (Le Monde du 10 mai 2016), qu’il y ait matière à une suite sans risque d’appauvrissement, voire de tarissement, d’un propos délicieusement divertissant mais ténu en dépit de sa volonté d’être en résonance avec des faits de société contemporaine (mariage entre personnes de même sexe, vie professionnelle et sexuelle des seniors).
Mais on avoue avoir retrouvé avec plaisir les deux pétroleuses septuagénaires héroïnes de cette série créée par Marta Kauffman (Dream on, Friends) et Howard J. Morris. Où Jane Fonda et Lily Tomlin ont trouvé matière à des emplois qui leur vont comme un gant et constituent un formidablement discordant duo de comédie.
Grace And Frankie Season 3 | Tyler Golden/Netflix
Rappel, pour ceux qui n’auraient pas encore eu vent de cette production « made in » Netflix : Grace (Jane Fonda), bourgeoise pas du tout bohème, psychorigide ne consommant que 700 calories par jour, dont les trois quarts en vodka, et Frankie (Lily Tomlin), baba cool végétarienne anciennement new age, doivent cohabiter dans la maison de plage californienne acquise en copropriété avec leurs maris respectifs.
La première saison commençait au restaurant lors d’un dîner qui allait bouleverser leur vie et redistribuer les cartes matrimoniales : Robert (Martin Sheen), époux de Grace, et Sol (Sam Waterston), mari de Frankie, annoncent à leurs conjointes qu’ils vivent depuis des lustres une relation homosexuelle secrète qu’ils tiennent, l’âge mûr, parvenu, à officialiser et à sceller par un mariage.
Amitié remise en cause
Réunies par leur rage et leur peine mutuelles, mais d’humeurs et de caractères peu compatibles, les deux femmes se crêpent d’abord le chignon et essaient chacune de débarquer l’autre. Puis elles apprennent à se connaître, à s’apprécier, pour finir par devenir, bon an, mal an, deux bonnes copines. Mais soupe au lait et volontiers sujettes aux crises de nerfs. La saison 3 les montre au moment où l’improbable lancement d’une société fabriquant un sex-toy destiné aux femmes seniors les mène vers une nouvelle (pour Grace) et tardive réussite socioprofessionnelle. C’est aussi le moment où leur attachement amical est mis en question par la relation amoureuse que noue Frankie avec un compagnon…
Afin d’étoffer le propos, « Grace and Frankie » s’intéresse aussi aux progénitures des deux couples et aux effets – assez peu dévastateurs à vrai dire – de ce bouleversement. Mais les personnages les incarnant n’aident guère l’action à progresser et font plutôt office de bouche-trou dans des séquences décidément trop délayées.
Dans la saison 3 montre Frankie et Grace découvrent les sex-toy destinés aux femmes seniors. | Melissa Moseley/Netflix
On avait dénoncé la peinture un rien caricaturale du couple des deux maris, en dépit du piquant qu’apportait dans un premier temps le renversement des valeurs présumées (plus casanier, ennuyeux et conventionnel que ces deux épousés, on ne connaît pas). La troisième saison confirme qu’à chaque fois que la caméra s’attarde sur leur vie étriquée et bien réglée, on s’ennuie ferme.
Car évidemment, le vrai sel (et poivre) de « Grace and Frankie », ce sont les deux héroïnes dont les aventures et déboires ainsi que les dialogues souvent drôles constituent l’intérêt premier de la série. Mais encore eût-il fallu que les auteurs et producteurs aient eu la sagesse de réduire la saison à six ou huit épisodes.
« Grace and Frankie », saison 3, série créée par Marta Kauffman et Howard J. Morris. Avec Jane Fonda, Lily Tomlin, Martin Sheen, Sam Waterston (EU, 2016, 13 × 25-35 min)