Le groupe Moonlandingz a pris vie sur scène avant de publier son premier opus. | Chris Saunders

Un groupe ? Une farce ? Un concept ? Nés des hallucinations de rockeurs parmi les plus déjantés du Royaume-Uni, les Moonlandingz sont un peu tout cela. D’abord conçu comme une formation imaginaire intervenant dans l’album d’un duo électro de Sheffield, Eccentronic Research Council, formé par Adrian Flanagan et Dean Honer, le groupe Moonlandingz a fini par prendre vie sur scène comme dans le premier opus publié sous son nom, Interplanetary Class Classics.

À cette occasion, Flanagan et Honer, collectionneurs invétérés de synthétiseurs prénumériques, ont été rejoints par Lias Saoudi, trublion d’origine berbère qui chantait chez les provocateurs londoniens de Fat White Family. Gavés d’alcool et d’autres substances, ces anciens étudiants en art sont devenus les chantres d’un hédonisme nourri de désespoir.

La fête jusqu’à la rupture

La formation accueille ensuite une gamine rebelle (la guitariste Mairead O’Connor) et des vétérans dessalés (le batteur Ross Orton, le bassiste Lee Mann). Ils reprennent le credo d’une fête d’avant le déluge, en y insufflant strass et refrains accrocheurs. Adrian Flanagan définit le projet comme « une célébration flamboyante de l’exclu, du dépressif, de l’impuissant sexuel, du bizuté, de l’indécis politique, du solitaire, de tous ces gens au bord de la rupture ». Dans le rôle du loser se métamorphosant en tribun décadent du glam rock, le gringalet Lias Saoudi fait des merveilles, ânonnant ses hymnes salaces sur un mélange déviant de pop, d’électro-boogie et de krautrock.

Recrue de cette turbulence, Sean Lennon a réalisé une grande partie de l’album, invitant maman Yoko Ono (en pythie possédée dans le final grandiose de This Cities Undone), mais aussi sa compagne, Charlotte Kemp Muhl, présente dans le chœur et à la réalisation d’un clip. Sans parler des apparitions de Phil Oakey, chanteur des Human League, et de Randy Jones, cow-boy disco de Village People. Pour ce qu’on appelait, dans les années 1970, un « supergroupe », Moonlandingz ressemble surtout à un joyeux pot-pourri.

« Interplanetary Class Classics », de The Moonlandingz, 1 CD Transgressive/Pias. Le 21 avril, au Printemps de Bourges ; le 27 avril, au Point Éphémère à Paris.

Le clip du titre « The Strangle of Anna », de l’album « Interplanetary Class Classics »

The Strangle Of Anna - The Moonlandingz ft Rebecca Lucy Taylor
Durée : 03:41