Présidentielle : douter pour mieux choisir
Présidentielle : douter pour mieux choisir
LE MONDE ECONOMIE
Editorial. Les jeunes, tentés par la défiance à l’égard des institutions politiques, militent pourtant dans toute sorte de mouvements de la société civile. Ils veulent croire au pouvoir politique. Mais quel candidat est-il susceptible de répondre à leurs attentes ? Réponses dans « Le Monde-Campus » d’avril.
« Lors du débat du 20 mars, les candidats ont commencé à parler de leurs projets sur la sécurité sociale, la laïcité, le pouvoir d’achat, le revenu de base et l’Europe. Mais les jeunes ne s’y sont pas retrouvés » (Illustration: une du « Monde-Campus » d’avril | Le Monde/Matthias Aregui
Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé en début d’année de 0,1 % en février sur un mois, mais de 115 000 personnes (plus de 3 %) sur un an. Le ministère du travail serait presque tenté d’être optimiste, au moins tout autant que les jeunes diplômés, qui au niveau du master 2 constatent une réelle amélioration du marché du travail.
Mais ce serait faire fi du climat d’incertitude créé en ce début d’année par les candidats à l’élection présidentielle, qui ont jeté, à droite comme à gauche, une large majorité de citoyens dans une totale perplexité.
L’année électorale avait classiquement commencé par un diagnostic de l’économie française sous forme d’invitation à réformer : un taux de chômage autour de 10 %, une « ubérisation » rampante d’un nombre sans cesse croissant de professions avec des perspectives chiffrées de destructions et d’hypothétiques créations d’emploi, une dette publique qui atteint 96 % du produit intérieur brut (PIB), une incitation faite aux entreprises d’améliorer leur compétitivité en réalisant des économies sur le coût du travail par l’application de la loi El Khomri.
Les ténors des partis entonnaient déjà leurs partitions respectives d’économie à droite et de cohésion sociale à gauche, jusqu’à ce que les primaires, puis les affaires Fillon, Le Pen et Le Roux changent le débat et redistribuent les cartes.
Toujours optimistes
C’est Benoît Hamon qui a créé la surprise en étant élu tête d’affiche du Parti socialiste, puis François Fillon devenu à la fois le candidat des Républicains et la tête d’affiche des affaires. Emmanuel Macron enfin en créant son parti, ni de droite ni de gauche, mais réunissant des soutiens des deux bords, aussi différents qu’Alain Minc, soutien de Juppé à la primaire de la droite et du centre, ou Robert Hue, ancien secrétaire général du Parti communiste.
Les débats sur les programmes en ont été d’abord escamotés, laissant la place au soupçon, à la méfiance et à l’embarras, alors même que la société a besoin d’une base politique solide pour orchestrer la nouvelle mutation technologique. Lors du débat du 20 mars, les candidats ont commencé à parler de leurs projets sur la sécurité sociale, la laïcité, le pouvoir d’achat, le revenu de base et l’Europe. Mais les jeunes ne s’y sont pas retrouvés : trois sur quatre ont exprimé le sentiment qu’on ne parlait pas suffisamment d’eux dans la campagne présidentielle.
L’intégralité du magazine « Le Monde-Campus » est téléchargeable ici :
Ces jeunes qui, tentés par la défiance à l’égard des institutions politiques, sont pourtant sur le terrain, militants dans toute sorte de mouvements de la société civile. Toujours optimistes, ils veulent croire au pouvoir politique. Mais quel candidat est-il susceptible de répondre à leurs problématiques ? Leur logement, leur entrée sur le marché du travail, leur protection sociale ? Même si les 18-25 ans sont des citoyens comme les autres, l’entrée dans l’âge adulte a ses propres caractéristiques.
Vu le scepticisme ambiant, la meilleure des méthodes pour y répondre est sans doute celle de Descartes, qui nous incitait à douter pour trouver la vérité.