Printemps de Bourges : l’énergie musicienne de Camille
Printemps de Bourges : l’énergie musicienne de Camille
Par Sylvain Siclier (Bourges, envoyé spécial)
Le concert de la chanteuse à L’Auditorium, mercredi, a enthousiasmé les festivaliers.
La 41e édition du Printemps de Bourges-Crédit mutuel a débuté mardi 18 avril avec l’un des héros du festival musical, Renaud – il est venu à huit reprises au Printemps. Sous le grand chapiteau nommé Le W, réservé aux vedettes, le chanteur, souffrant d’une rhino-pharyngite, a offert à son public fidèle un concert suscitant à chaque chanson une ovation, comme l’indique Le Parisien. Dimanche 23 avril, le festival devrait se conclure par une après-midi rap avec Keblack et Soprano. De l’un à l’autre, le festival aura mis à son programme plus de 150 spectacles, nouveaux venus et succès du moment, de la chanson, du rock, la pop, l’électro, le rap et même la musique classique avec Julie et Camille Berthollet attendues à la cathédrale de Bourges vendredi 21.
La chanteuse Fishbach en concert au 41e Printemps de Bourges, le 19 avril 2017. | GUILLAUME SOUVANT/AFP
Mercredi 19 avril, pour sa deuxième journée, le festival a proposé notamment deux plateaux, l’un au Théâtre Jacques-Cœur, petite salle à l’italienne intime avec Otzeki, Fishbach et Thomas Azier, l’autre à L’Auditorium avec Lior Shoov et Camille. Otzeki est un duo londonien qui donne dans l’électro minimaliste, avec abus de sonorités d’infra-basse, qui font vibrer les fauteuils du théâtre. Joel aux machines et clavier et Mike au chant et la guitare – ils sont cousins et ne se présentent que par leurs prénoms – ont une attitude un rien crâneuse, indolente. Ils se dandinent aussi et appellent à la danse, mais il faudrait de l’imagination pour répondre à cette attente avec un propos musical qui reste assez statique.
Fishbach - Un autre que moi (Official Video)
Durée : 03:03
A leur suite, la chanteuse Fishbach. Plus variée dans son approche, plus attentive à élaborer des chansons. Elle rappelle par moments, en moins fantasque et travaillé, Les Rita Mitsouko, on perçoit aussi une accroche mélodique qui fait penser à Sweet Dreams du duo Eurythmics et dans l’ensemble, il semble y avoir une envie pop typée années 1980. Il faut peut-être être attaché à cette période pour s’y retrouver. A sa décharge, le déséquilibre sonore entre ses trois musiciens et elle a couvert une partie de son chant.
La chanteuse Camille en concert au 41e Printemps de Bourges, le 19 avril 2017. | GUILLAUME SOUVANT/AFP
Le chant des mots de Camille
Du coup, Camille aura été le véritable enthousiasme de cette soirée. Avec trois chanteuses, deux percussionnistes et un claviériste, les trois aussi au chant à l’occasion, elle a bénéficié à L’Auditorium d’une attention technique, qui a permis que se déploient idéalement les entrelacs mélodiques et rythmiques, le chant des mots, souvent choisis pour leurs sonorités, leurs liens phonétiques. Apparue en 2002 avec un album Le Sac des filles, assez classique dans sa forme, elle faisait déjà entendre un registre étendu, des virevoltes vocales, une manière personnelle. Avec Le Fil, en 2005, elle va allier sophistication, expérimentation par un remarquable travail vocal et fantaisie. Un disque en anglais Music Hole, en 2008 et Ilo Veyou, en 2011 ont suivi. Et la voici avec un cinquième enregistrement en studio, Ouï (Because), dont la sortie est prévue le 2 juin et une tournée.
Elle a débuté par trois concerts du 7 au 9 avril, à Nîmes. Le Printemps de Bourges est la quatrième étape. Plusieurs concerts jusqu’à mi-juin sont déjà complets. Elle sera ensuite présente dans une dizaine de festivals en juillet. Sans révéler tout ce qui constitue ce spectacle où le visuel et le vocal s’assemblent, on peut dire que Camille prend forme fantomatique dans les premiers temps, puis devient ombre, corps en mouvement.
Camille - Fontaine de lait (Clip Officiel)
Durée : 03:02
Du nouvel album, elle interprète d’emblée plusieurs chansons. Sous le sable, Fontaine de lait, qui a donné lieu à un vidéo-clip, Lasso, jeu avec les sifflantes et les voyelles, Je ne mâche pas mes mots… De son passé, qu’elle réarrange au présent, elle va chercher Paris, Ilo Veyou, pour faire chanter la salle, l’émouvante Pâle septembre. Il y a des cris, des rires, des tendresses dans ses chants croisés, des métriques bancales qui retombent sur leurs pieds, des sortes de comptines, des rêveries. Et par dessus tout, une énergie musicienne.
Sur le Web : www.printemps-bourges.com et www.camilleofficiel.fr