TV : « Jours de sacre à l’Elysée », quand un président laisse la place au suivant
TV : « Jours de sacre à l’Elysée », quand un président laisse la place au suivant
Par Daniel Psenny
Notre choix du week-end. Le documentaire de Christian Huleu explore les différentes étapes de cette journée particulière qu’est celle de la passation des pouvoirs (dimanche 14 mai, sur France 5, à 20 h 50).
Jours de sacre à l'Élysée - Dimanche 14 mai à 20.50
Durée : 01:38
Si Emmanuel Macron veut savoir comment se déroulera dans le détail sa passation des pouvoirs avec François Hollande dimanche 14 mai, il lui suffit de visionner le documentaire Jours de sacre à l’Elysée, écrit par Patrice Duhamel et Jacques Santamaria, inspiré de leur livre L’Elysée : histoire, secrets, mystères (Plon, 312 pages, 22,50 euros). Les deux hommes racontent, presque heure par heure, le film de cette journée la plus solennelle de la République.
Ce sacre républicain, qui n’est pas inscrit dans la Constitution, répond à des rites bien précis depuis la prise de fonctions du général de Gaulle, en janvier 1959 : habits d’apparat, tapis rouge, garde républicaine, légion d’honneur, discours, coups de canon, déjeuner dans les salons de l’Elysée, flamme à l’Arc de triomphe et, bien sûr, transmission du code nucléaire. « On passe de la conquête du pouvoir à l’exercice du pouvoir », explique Franck Louvrier, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. « C’est une immense responsabilité, souligne Hubert Védrine, qui, dès 1981, a rejoint l’Elysée auprès de François Mitterrand. A cette époque, cela ressemblait à une épopée, car c’était la première alternance de la Ve République. Nous étions tous très excités. »
Et VGE bouscula le protocole
Après le général de Gaulle (président de 1959 à 1969) et Georges Pompidou (décédé en avril 1974 avant la fin de son mandat), qui avaient conservé les fastes de cette intronisation, Valéry Giscard d’Estaing, élu le 19 mai 1974, fut le premier chef de l’Etat à bousculer ce protocole. Il avait compris l’importance des images et de la communication. C’était sa manière de dépoussiérer un rite devenu désuet, rappelle-t-il dans le documentaire, où il est le seul ancien président de la République à s’exprimer. Ainsi, à la place des grosses berlines et des motards, VGE, qui conduisait lui-même sa voiture, arriva en costume civil à pied à l’Elysée en serrant les mains de ses partisans, et remonta de la même façon les Champs-Elysées, jusqu’à l’Arc de triomphe. Il mit surtout fin à la remise du collier de grand-croix de la Légion d’honneur autour du cou, en demandant qu’on le lui présente sur un coussin. « C’était sa façon d’ouvrir les fenêtres et faire respirer le pays », remarque l’ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin. De même, son premier discours devant les corps constitués à l’Elysée fut teinté d’un certain lyrisme : « Voici que s’ouvre le livre du temps avec le vertige de ses pages blanches », dit-il dans un chuintement devenu célèbre.
Au Palais de l’Elysée. | MARTANGE
De Gaulle-Pompidou, Giscard-Mitterrand, Mitterrand-Chirac, Chirac-Sarkozy, Sarkozy-Hollande : les deux auteurs décrivent minutieusement ces passations des pouvoirs en pointant les moments inattendus. Ils font raconter par les proches les dessous des différentes cérémonies. On retiendra le témoignage de Jean-Louis Debré, ex-président du Conseil constitutionnel et ennemi affiché de Nicolas Sarkozy, qui dut proclamer devant lui les résultats officiels de l’élection. Ou cette remarque de Giscard, en 1981, qui informa Mitterrand d’un plan secret pour l’assassinat de Khadafi : « J’ai vu que ça ne l’intéressait pas. C’est curieux ! », dit l’ancien président.
En avant-première, « Le Monde » vous propose de voir Jours de sacre à l’Elysée, réalisé par Christian Huleu, écrit par Patrice Duhamel et Jacques Santamaria (Fr., 2017, 90 min).