L’ancien premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane, a officiellement remporté, mardi 6 juin, les élections législatives, mais devra former un énième gouvernement de coalition dans ce petit royaume d’Afrique australe très instable politiquement ces dernières années. Avec 48 sièges sur 120, le parti de M. Thabane devance celui du chef du gouvernement sortant, Pakalitha Mosisili, qui n’en a remporté que 30, a annoncé la Commission électorale indépendante (IEC).

« Nous avons l’intention de former un gouvernement avec l’Alliance démocratique, le Parti national basotho et le Congrès réformé du Lesotho », a immédiatement affirmé Samonyane Ntsekele, le secrétaire général de la Convention des Basotho (ABC), la formation de M. Thabane. A eux quatre, ces partis totalisent 63 sièges, soit deux de plus que le nombre requis pour la majorité absolue. « Nous officialiserons ce gouvernement de coalition dans les deux prochains jours », a ajouté M. Ntsekele.

Fuite en Afrique du Sud

La victoire de M. Thabane a été saluée par plusieurs centaines de ses partisans, parés des couleurs jaunes de l’ABC, devant le centre des résultats dans la capitale, Maseru. Thomas Thabane, 77 ans, devrait retrouver son poste de chef du gouvernement, trois ans après en avoir été chassé par un coup d’Etat manqué de l’armée, toujours très influente dans le pays.

En août 2014, des militaires avaient attaqué des postes de police de Maseru, volé des armes et tué un gardien de la paix. Cette tentative de coup de force finalement avortée avait poussé Thomas Thabane a fuir en Afrique du Sud, « la chose la plus indigne » qui lui soit arrivé, confiait-il avant le scrutin à l’AFP.

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Il était brièvement revenu dans son pays en 2015 pour des législatives où il avait été battu par Pakalitha Mosisili. Ce n’est qu’en février qu’il avait définitivement fait son retour dans ce petit royaume montagneux de 2 millions d’habitants enclavé dans l’Afrique du Sud.

La réaction des forces de sécurité, déployées autour de plusieurs bureaux de vote le 3 juin et qui sont peu favorables à Thabane, sera particulièrement scrutée ces prochains jours. « La priorité du gouvernement devrait être de tenter de maîtriser l’armée pour éviter l’escalade de l’instabilité politique », a souligné Mafa Sejanamane, analyste politique à l’université du Lesotho. « Le commandement des forces nationales de défense est au cœur de cette instabilité », a-t-il précisé à l’AFP.

Des chantiers immenses

Des observateurs mandatés par la Communauté des pays d’Afrique australe (SADC) ont mis en garde à l’issue du scrutin contre toute « ingérence militaire ». Pauvreté, chômage, une épidémie de sida qui frappe 23 % des Lésothans et un manque criant de services publics : les chantiers du nouveau chef du gouvernement sont immenses dans ce pays considéré comme l’un des plus pauvres de la planète. Il devra notamment tenter de stabiliser un pays qui a voté pour la troisième fois en cinq ans.

« Cette coalition se doit de durer, elle devra travailler dur pour ramener la stabilité », a commenté M. Sejanamane. Le Lesotho, indépendant de la Grande-Bretagne en 1966, est un royaume montagneux grand comme la Belgique. Il dépend essentiellement de son puissant voisin sud-africain auquel il fournit une bonne partie de son eau.