E3 : polémique autour du jeu « The Last Night »
E3 : polémique autour du jeu « The Last Night »
Des messages antiféministes et pro-GamerGate du principal créateur du jeu, qui a fait sensation lors de la conférence Microsoft, ont suscité de vives critiques contre le projet.
The Last Night - E3 2017 reveal trailer
C’est l’une des présentations qui ont le plus marqué la conférence de Microsoft à l’E3, le salon mondial du jeu vidéo de Los Angeles : The Last Night, un jeu en forme d’hommage aux classiques de l’action-aventure 2D, comme Flashback ou Another World, situé dans un univers cyberpunk. Mais le titre, développé par le Français Tim Soret, s’est rapidement retrouvé au centre d’une polémique après la mise en avant de plusieurs messages publiés en 2014 par M. Soret sur son compte Twitter, dans lesquels il dit adhérer aux idées du GamerGate, un mouvement de joueurs de jeux vidéo antiféministe et dont l’une des figures de proue, le journaliste Milo Yiannopoulos, a milité pour Donald Trump et a été exclu de Twitter après avoir lancé une campagne de harcèlement raciste contre l’actrice Leslie Jones.
Dans plusieurs messages pubiés il y a trois ans, et exhumés peu après la conférence de Microsoft, M. Soret utilise des mots-clés du GamerGate, #gamergate et #notyourshield, explique être opposé au féminisme, et décrit le GamerGate comme un mouvement « égalitaire et inclusif ». Il présente également son projet de jeu comme un titre qui décrira un monde dans lequel « le progressisme est devenu hors de contrôle », et explique qu’il aimerait y inclure un avatar de Vivian James, un personnage fictif associé au GamerGate.
Dans la nuit, de nombreux messages menaçant le jeu de boycott en raison des positions de son créateur ont été publiés sur les réseaux sociaux. M. Soret a publié ce lundi une série de messages, dans lesquels il explique notamment que « c’est l’heure de la controverse, et c’est une bonne chose. Parlons-en, parce que c’est important. Je défends l’égalité et l’inclusion. The Last Night n’est en aucun cas un jeu opposé au féminisme ou à toute autre forme d’égalité. Beaucoup de choses ont changé pour moi ces dernières années. Le contexte fictionnel du jeu est critique des progrès technologiques et sociaux, mais ne cherche certainement pas à promouvoir des idées régressives. »
L’éditeur du jeu, Raw Fury, a de son côté publié un long message défendant The Last Night et son principal créateur, tout en reconnaissant que M. Soret avait eu des propos discutables : « Les messages publiés par Tim en 2014 sont certainement surprenants et ne correspondant pas à la personne que nous connaissons, et nous espérons que toutes les personnes qui lisent ces lignes savent qu’à Raw Fury nous ne tolérerions pas de travailler avec une personne qui serait la caricature de Tim qui circule sur Internet en ce moment (…). Le fait qu’il ait pu croire en 2014 que le GamerGate était un mouvement de défense des joueurs face aux journalistes était naïf, mais cette même année il a aussi salué l’essor des femmes dans l’industrie du jeu vidéo, écrit le studio. Beaucoup de choses peuvent changer en trois ans, y compris les points de vue (…). Nous faisons confiance à Tim et nous savons qu’il défend le progrès dans et en dehors de notre industrie, et nous espérons que cela apparaîtra clairement dans les jours à venir. »