Les querelles internes n’en finissent pas au Front national. Le maire de Béziers, Robert Ménard, considéré comme proche du FN, et Louis Aliot, vice-président du parti et compagnon de Marine Le Pen, ont accusé la ligne FN prônant une sortie de l’UE et de l’euro d’être responsable du résultat décevant des candidats frontistes au premier tour des législatives.

A la question « la ligne Philippot a-t-elle une part de responsabilité dans l’échec du FN ? », Robert Ménard répond, dans un entretien au Figaro mardi 13 juin : « Elle est responsable de l’échec à la présidentielle et du résultat de dimanche. » Et le maire de Béziers de poursuivre sa critique : « Quand on tient des propos économiques sans queue ni tête, que l’on se place aussi loin des préoccupations du monde de l’entreprise et des salariés, artisans et commerçants, on paye évidemment le prix de ses mauvaises analyses. »

« Il faudra trancher définitivement le débat sur la sortie de l’euro et la ligne économique. Pour tourner la page. »

Pour celui qui avait lancé un éphémère mouvement « Oz ta droite » au printemps 2016 visant à l’« union des droites », « on ne peut pas gagner sans alliances ». « Le mea culpa de Marine Le Pen [sur sa prestation lors du débat face à Emmanuel Macron] doit se traduire dans les faits, par des changements de programme, de structures et sûrement d’hommes et de femmes. Il faut construire un grand parti conservateur », défend le maire de Béziers.

Réplique de Florian Philippot : « M. Ménard n’est pas au Front national, premièrement, a réagi le numéro deux du FN sur France 2. Le FN a explosé ses scores de manière historique, comme jamais. Alors ceux qui veulent qu’on revienne vingt ans ou vingt-cinq ans en arrière, qu’on se concentre sur une ou deux questions, c’est très bien, on retournera aux scores d’il y a vingt ou vingt-cinq ans. » Le FN a recueilli 13,2 % des voix dimanche au premier tour des législatives, contre 14,95 % en 1997, il y a vingt ans.

« Marine Le Pen reste indispensable »

Louis Aliot avait jugé pour sa part, lundi soir sur TF1, que le premier tour des législatives était un « échec du FN », reconnaissant que « la problématique de l’Europe et de l’euro » avait joué dans cet « échec ». A l’instar de Robert Ménard, le vice-président du FN a également mis en cause la démobilisation de l’électorat frontiste pour expliquer les mauvais résultats du parti.

« Certains de mes camarades se sont prononcés sur des choses pour lesquelles ils auraient mieux fait de se taire, car nous sommes en élections législatives », avait regretté aussi celui qui aura un second tour difficile dans la deuxième circonscription des Pyrénées-Orientales.

Dans son entretien au Figaro, M. Ménard, dont l’épouse est candidate FN dans la 8e circonscription de l’Hérault, estime néanmoins que « Marine Le Pen reste celle qui évite l’éclatement » du FN. « Elle est indispensable. L’une de ses qualités est de sentir l’opinion publique (…). Elle mettra tout sur la table parce qu’elle considère aujourd’hui que tout est discutable. »