Filière djihadiste de Cannes-Torcy : de lourdes peines requises, jusqu’à la perpétuité
Filière djihadiste de Cannes-Torcy : de lourdes peines requises, jusqu’à la perpétuité
Le Monde.fr avec AFP
Auteur d’un attentat à la grenade à Sarcelles (Val-d’Oise) en 2012, le groupe était décrit par les services antiterroristes comme le plus dangereux démantelé en France depuis les attentats du GIA algérien dans les années 1990.
De lourdes peines ont été requises vendredi 16 juin, allant de deux ans d’emprisonnement à la perpétuité, à l’encontre de membres présumés de la filière djihadiste de Cannes-Torcy pour un attentat à la grenade à Sarcelles (Val-d’Oise) en 2012, des projets d’attaque et des séjours en Syrie.
Trois ans avant les attentats parisiens de 2015, cette cellule était considérée comme une des plus dangereuses de France. A l’audience, elle a été décrite comme « le chaînon manquant » entre le djihadiste toulousain Mohamed Merah et le réseau qui allait frapper la salle de spectacles du Bataclan.
L’avocat général, Philippe Courroye, a appelé à sanctionner un groupe « fanatique », « prêt à recommencer » et dont l’attitude désinvolte pendant le procès ne laisse « aucun doute » quant à sa « radicalité » toujours intacte.
Une filière redoutable, fruit du rassemblement de deux groupes : les « frères » de Cannes (Alpes-Maritimes), sous les ordres de Jérémie Louis-Sidney, un chef violent « bouillant » de sa haine des juifs, et ceux de Torcy (Seine-et-Marne), autour de Jérémy Bailly, le fidèle lieutenant.
« Fabriquer des bombes pour tuer des mécréants »
En l’absence du chef, tué lors de son interpellation, la peine la plus lourde a été requise à l’encontre de Jérémy Bailly : la perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, pour avoir lancé une grenade dans l’épicerie casher de Sarcelles le 19 septembre 2012, ne faisant miraculeusement qu’un blessé.
Jérémy Bailly, qui n’a pas caché son engagement djihadiste et sa volonté, « à l’époque », de « fabriquer des bombes pour tuer des mécréants », a toujours nié sa participation à cet attentat, comme l’en accuse Kevin Phan, le chauffeur de l’équipée, de huit ans son cadet. Pour complicité de ce crime, vingt-cinq ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers, ont été demandés contre Kevin Phan.
Des peines de seize à vingt ans, assorties d’une période de sûreté des deux tiers, ont été requises à l’encontre des « Syriens » de la bande, dont Ibrahim Boudina, qui a passé seize mois en Syrie et qui était « revenu pour commettre un attentat » sur la Côte d’Azur, et Jamel Bouteraa, qui n’a passé qu’un mois en Syrie, mais qui a acheté une arme et fait des repérages en vue d’une attaque contre des militaires.
L’accusation a requis quinze ans, avec deux tiers de sûreté et l’interdiction du territoire, à l’encontre du Tunisien Maher Oujani, le seul étranger de la bande. La peine la plus légère, de deux ans de prison, a été demandée à l’encontre de Zyed Tliba, ancien militaire, qui avait gardé des liens avec son frère Abdelkader, parti pour la Syrie, et contre qui l’accusation a requis seize ans.