24 Heures de Mans : 15 heures de direct télé
24 Heures de Mans : 15 heures de direct télé
Propos recueillis par Catherine Pacary (Propose recueillis par)
La 85e édition des 24 Heures du Mans se déroule samedi à 15 heures.
Le pilote japonais Kazuki Nakajima s’installe dans sa Toyota TS050 Hybrid N°8, ici lors des qualifications jeudi 15 juin. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
A quelques heures du départ de la 85e édition des 24 Heures du Mans, samedi 15 juin à 15 heures, la Porsche Carrera Cup joue les courses d’ouverture. Les embouteillages paralysent la capitale de la Sarthe. Autour du circuit, une grande partie des 250 000 spectateurs attendus arrivent, lentement. Il faut s’économiser si on veut tenir 24 Heures. Consultant pour France Télévision, Franck Lagorce, ex-pilote de F1 est dans son élément, avec dix Le Mans au compteur (pour une meilleure 5e place). Sur les réseaux sociaux, il rend compte de l’arrivée du Le Mans Cup, en attendant de prendre l’antenne pour une retransmission inédite de 15 heures. Cela fait partie du contrat de diffuseur en clair que France Télévisions vient de renouveler jusqu’en 2020 avec l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), promoteur des 24 Heures du Mans.
Quinze heures de course, samedi de 14 h 50 à 17 h 50 sur France 2, puis dimanche 18 juin, de 0 h 35 à 11 h 45 par France 3, et de 12 h 55 sur France 3 pour la fin de la course, l’arrivée et le podium. Franck Lagorce assure les deux séquences jour ; Xavier Richard la nuit.
Une retransmission, qui correspond parfaitement au virage pris par le nouveau propriétaire et promoteur de la Formule 1, Chase Carrey, déjà sur le pitlane et qui donne le départ cet après-midi sur le circuit Bugatti de 24 Heures également inédites. Après le retrait surprise d’Audi, en 2016, pour cause de Diesel Gate, en effet seules 5 course d'endurance (Le Mans prototype 1, la catégorie reine de la course d’endurance), 3 Toyota et 2 Porsche, sont au départ sur 60 voitures en tout (LMP2, et Grands tourismes).
Franck Lagorce, que pensez-vous de cette configuration inédite de course ?
La course va être très intimiste. En cela elle se rapproche de l’esprit du Championnat du monde d’endurance (WEC). Toyota apparaît très rapide [ils occupent les deux premières places après avoir battu le record du tour lors des qualifications jeudi 15 juin]. Même si je suis persuadé qu’en course, Porsche sera aussi rapide. Car il y a deux façons d’aborder les 24 Heures, en étant très agressif, comme Toyota et ses 3 voitures, ou en laissant dormir, comme Porsche va le faire. Cela pourrait créer une belle surprise en permettant à une LMP2 de monter sur le podium.
Toyota une revanche à prendre [l’an dernier, leur voiture s’est arrêtée à quelques centaines de l’arrivée]. Pour eux cela a été dur à digérer. Même si c’est typiquement à l’image des 24 Heures du Mans, où rien n’est jamais gagné.
Fernando Alonso a remis au goût du jour la triple couronne, gagner les 3 courseslesplus prestigieuses (Grand Prix de Monaco, 500 miles d’Indianapolis Le Mans). Pensez-vousle voir prochainement dans la Sarthe ?
Fernando Alonso, c’est tout l’inverse de Nico Rosberg, qui plie les gaules une fois la couronne en poche [en décembre 2016 après avoir remporté le championnat du monde de F1]. Je suis sûr qu’il remportera Indianapolis, esuite il viendra au Mans. C’est un pilote comme j’aime voir exercé notre métier. Nous, on risque notre vie pour faire rêver les gens, avec panache. Alonso mérite sportivement note respect et l’engouement des fans.. C’est le phénomène d’un grand pilote. Comme tous les pilotes de F1 ou autres qui sont venus à l’endurance d’ailleurs, car l’endurance, c’est le partage [les pilotes se relaient].
Au temps de Graham Hill, seul pilote à avoir remporté cette triple couronne, Le Mans, avec sa ligne droite des Hunaudières où l’on atteignait 400 km/h ; aujourd’hui, des chicanes sont étéinstallées, qui limitent la vitesse.
Cette évolution de plus de sécurité pour les pilotes est une bonne chose. Le but du sport automobile est aussi de développer les voitures de demain. Les hybrides actuelles de course d'endurance font 1 000 chevaux et atteignent 360 km/h. Sans chicanes, ce serait trop dangereux. Ceux qui veulent rouler à 400 km/h n’ont qu’à aller sur le lac salé.
Ou à Indianapolis, comme Sébastine Bourdais, qui a percuté un mur à 370 km/h et en est sorti avec le bassin et une hanche fracturés…
Vous savez, dans une vie de pilote, on a plusieurs Jockers. Le seul problème est que l’on ne sait pas de combien on en dispose. Lui vient d’en utiliser un.
Et vous ?
Plus d’un ! J’ai eu 33 fractures. C’est pourquoi à un moment, il faut savoir passer à autrechose. Etre consultant est formidable. Cela permet de rester au contact de sa passion. Cela fait onze ans que j’ai arrêté. J’en suis ravi.
Chase Carey est l’invité d’honneur de ces 24Heure. Y voyez-vous un signe ?
Le sport automobile ne doit pas être réservé à une élite. Ni au niveau des retransmissions, ni au niveau des pilotes. Un pilote de F1 qui paye 5 millions son volant cela ne doit pas exister ! Alors si Chase Carrey a compris cela, je dis Enfin ! Plus de retransmissions en clair, cela ouvre les portes. Reste à faire évoluer la règlementation dans le même sens pour faire en sorte qu’il y ait moins de différences technologiques entre les constructeurs. »
Retrouver l’esprit de l’endurance en quelque sorte.
La Toyota TS050 Hybrid du Japonais Kamui Kobayashi (photo), du Britannique Mike Conway et du Français Stéphane Sarrazin part en pole position, samedi 15 juin à 15 heures, après avoir établi le record du tour au Mans en 3 min 14 s 791’’. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP