Une mosquée « libérale », ouverte aux femmes et aux homosexuels, inaugurée à Berlin
Une mosquée « libérale », ouverte aux femmes et aux homosexuels, inaugurée à Berlin
Le lieu de culte, qui veut accueillir hommes et femmes, sunnites, chiites ou alévis, homosexuels ou trans, est installé dans un bâtiment de la communauté protestante.
Seyran Ates, vendredi 16 juin, lors de l’inauguration de la mosquée Ibn Rushd-Goethe. | Michael Sohn / AP
Des musulmans ont fondé à Berlin une mosquée « libérale », qui a été inaugurée vendredi 16 juin en présence de l’Américano-Malaisienne Ani Zonneveld, l’une des rares femmes imams dans le monde, et sous l’œil de nombreux médias allemands et étrangers, comme le montre un reportage vidéo de France Télévisions.
« Nous voulons lancer un signal contre la terreur islamiste et le détournement de notre religion », dit l’une des fondatrices de ce nouveau lieu de culte musulman, Seyran Ates, avocate et militante des droits des femmes très connue en Allemagne. Elle a notamment été critiquée par les conservateurs pour avoir appelé l’islam à une révolution sexuelle.
Ouverte aux sunnites et aux chiites
Dans la mosquée Ibn Rushd-Goethe, hommes et femmes prient ensemble et prônent un islam moderne, débarrassé de ses tabous. Certaines fidèles portent le voile, d’autres pas. Le prêche se fait en allemand. Les sept membres fondateurs de la communauté veulent ouvrir les portes de leur salle de prière aux sunnites, aux chiites, aux alévis mais aussi aux homosexuels et aux transsexuels. «Seuls niqabs et tchadors seront interdits», précise Seyran Ates, à qui Libération a consacré un portrait.
Tous les courants de l’islam sont les bienvenus dans cette mosquée progressiste, qui porte intentionnellement le nom du poète allemand Goethe et du médecin et philosophe arabe andalou du XIIe siècle Ibn Rushd (aussi connu sous le nom d’Averroes).
Signe de son ouverture, ce lieu de culte musulman, qui s’ajoute aux quelque quatre-vingts mosquées que compte Berlin, est installé au troisième étage d’un bâtiment de la communauté protestante. Cette « mosquée » n’est pour l’instant qu’une salle de quatre-vingt-dix mètres carrés, annexe de l’église évangélique Johanniskirche, comme l’explique le site Deutsche Welle.
Contexte de tensions
Devant l’entrée du bâtiment, la présence policière est visible. Les fondateurs assurent néanmoins n’avoir jusqu’ici reçu aucune menace. Mais ils savent que leur communauté ne fera pas que des heureux. L’avocate berlinoise d’origine turque Seyran Ates, 54 ans, vit sous protection policière et a dû interrompre ses activités depuis qu’elle a défendu des victimes de crimes dits d’« honneur ». Ce qui n’entame pas sa détermination, puisqu’elle s’apprête, selon Libération, à entreprendre des études de théologie islamique pour devenir la première femme imam en Allemagne.
Le pays, qui compte plus de quatre millions de musulmans, a été la cible d’attaques djihadistes, notamment le 19 décembre 2016, jour où un attentat au camion-bélier a fait douze morts sur un marché de Noël de Berlin. L’arrivée de plus de un million de réfugiés, pour beaucoup musulmans, depuis 2015 a également exacerbé les peurs de certains Allemands, notamment lorsqu’il s’est avéré que des djihadistes avaient profité de ce vaste mouvement de migration pour gagner l’Europe.