NKM et cinq autres élus créent un groupe distinct au Conseil de Paris
NKM et cinq autres élus créent un groupe distinct au Conseil de Paris
Par Béatrice Jérôme
Six élus parisiens qui appartenaient au groupe Les Républicains du Conseil de Paris, dont Nathalie Kosciusko-Morizet, se sont officiellement constitués mardi en groupe distinct.
Elle rompt les amarres à bord d’un frêle esquif. Après avoir renoncé à son titre de présidente des élus Les Républicains au conseil de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet a créé, mardi 4 juillet son propre groupe, baptisé les « Parisiens progressistes et constructifs ». NKM entend s’émanciper, dit-elle « de la vieille droite parisienne » et rompre avec « les barons » qu’elle accuse d’avoir contribué à sa défaite aux législatives.
Son équipage comprend seulement six élus LR sur 54 : quatre hommes et deux femmes. « Quatre samouraïs et deux amazones ! », ironise Jérôme Dubus, élu du 17e arrondissement, rallié au mouvement En marche et nommé porte-parole du groupe.
Dans son embardée, NKM embarque Marie-Laure Harel, élue du 3e arrondissement qui fut l’une de ses porte-parole pendant la primaire de la droite et du centre. Mme Harel devrait présider le groupe pendant six mois. Le trésorier en sera Pierre Auriacombe.
« Nous ne sommes pas des groupies de Nathalie, proteste cet élu LR du 16e arrondissement. Nous sommes convaincus, en revanche, que la droite ne gagnera pas en 2020, si elle reste en l’état. Il ne nous semble pas possible de la changer de l’intérieur. D’autres élus LR nous rejoindront à l’automne et pourquoi pas des élus de l’UDI », espère-t-il.
Les six élus du groupe ont tous signé de l’appel à accepter « la main tendue » d’Emmanuel Macron lancé, mi-mai, par l’aile macroniste de LR.
NKM n’a pas réussi à convaincre nombre de ses proches de sauter le pas : « je ne partage pas son choix de partir avec un petit groupe, mais je le comprends, explique Jean-Didier Berthault, ex-directeur de campagne de NKM aux municipales de 2014. Siéger avec autant d’élus complices, voire organisateurs, de son assassinat politique » eut été « juste écœurant » pour elle, estime l’élu LR du 17e.
Echec à rallier la jeune génération
Son échec à rallier la jeune génération résulte aussi de son refus d’intégrer Pierre -Yves Bournazel, nouveau député de Paris, membre du groupe des LR « constructifs » à l’Assemblée nationale. « NKM ne voulait ni des barons ni de Bournazel. Elle le considère comme un “jeune vieux” », atteste un conseiller de Paris LR. Du coup, ceux qui auraient pu être tentés de quitter le groupe LR dans le sillage de M. Bournazel ont estimé que NKM jouait trop perso », décrypte ce jeune élu.
M. Bournazel n’avait guère envie de cohabiter au sein d’un groupe avec elle. Le jeune juppéiste « macron compatible » a choisi une autre stratégie : soutenir Florence Berthout maire (LR) du 5e arrondissement qui brigue la présidence du groupe LR « canal historique » lors du vote, mercredi 5 juillet, au sein des 48 élus LR restants. Mme Berthout précise qu’elle ne sera pas candidate à la mairie de Paris en 2020. Ce qui laisse le champ libre à M. Bournazel qui pourrait avoir pour ambition de se présenter contre Anne Hidalgo.
Proche de Bruno Le Maire, dont elle fut directrice de campagne à Paris lors de la primaire de la droite et du centre, Mme Berthout s’est assurée de rallier, mercredi, les suffrages des principaux caciques sarkozystes ou fillonistes parisiens.
Pour cela, elle joue de son profil œcuménique : élue parisienne depuis 2001, ex-copéiste elle a été conseillère de Dominique de Villepin au ministère de l’intérieur et à Matignon. Patronne de la grande halle de la Villette, de 2007 à 2016, elle est élue maire du 5e depuis 2014 après que NKM lui a proposé la tête de liste.
« Les barons »
« Nathalie n’a fédéré personne, fustige Rachida Dati, la maire LR du 7e. En revanche, nous, les maires d’arrondissement, nous avons désormais surmonté nos conflits entre nous et nous ne sommes pas concernés par les clivages qui divisent la droite au niveau national. Nous avons un socle commun sur les questions de la sécurité, sur la mobilité, sur l’attractivité. Maintenant, il nous faut simplement être capables de s’organiser », proclame Mme Dati.
Mme Berthout a toutefois face à elle trois concurrents. Parmi eux, François-David Cravenne, élu du 15e. « Pour bien présider le groupe, il ne faut pas être maire d’un arrondissement. Berthout a déjà fort à faire avec le 5e », affirme ce communiquant, proche d’Edouard Balladur et ex-conseiller de plusieurs ministres sous Nicolas Sarkozy.
Elu filloniste du 15e arrondissement, Jean-Baptiste Menguy est sur les rangs. Ainsi qu’Alexandre Vesperini, élu du 6e, proche de Jean-Pierre Raffarin. « Je suis le candidat des bidasses, des conseillers de Paris sans grade », proclame ce trentenaire, proche du maire de son arrondissement, Jean-Pierre Lecoq.
Les trois hussards participent à la compétition avec l’intention de ne plus laisser « les barons » occuper ou distribuer les postes au sein du futur organigramme du groupe. Mais d’autres jeunes élus participent aussi en coulisses au bal des prétendants : « je reste au groupe LR, mais nous devons être capables de changer radicalement notre ligne qui n’est ni claire, ni séduisante pour les Parisiens. Si ce n’est pas le cas, je me casse », prévient Jean-Baptiste de Froment, élu du 9e. Ex-cheville ouvrière du programme de NKM aux municipales de 2014, le jeune conseiller d’Etat brigue une vice-présidence à la tête du groupe LR.