Capture d'écran du site d'Admission Post Bac / Capture d’écran du site APB / LE MONDE

La procédure d’admission post-bac (APB) changera de nom à la rentrée 2018. Elle utilisera toujours un algorithme, « mais nous travaillons pour trouver d’autres solutions, afin [qu’il] ne soit pas le seul à prendre les décisions », a assuré Frédérique Vidal le 28 septembre, à l’occasion de sa conférence de presse de rentrée. La ministre de l’enseignement supérieur répondait ainsi à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) qui, le jour même, mettait en demeure le ministère de « cesser de prendre des décisions concernant des personnes sur le seul fondement d’un algorithme ».

Pour remplir cette obligation, la plate-forme qui succédera à APB sera donc adossée à un « comité d’éthique qui inclura des scientifiques de haut niveau » et pilotée par un service à compétence nationale, rattaché à la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle du ministère. Mais le paramétrage de la future plate-forme et de son algorithme dépendra avant tout des mesures qui seront annoncées courant novembre, à l’issue de la concertation sur la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur, promise, elle, pour 2018.

Après les polémiques qui ont marqué la procédure APB 2017, et pour mettre fin à la pratique du tirage au sort à l’entrée de filières universitaires dont le nombre de places ne suffit pas à répondre à la demande, la ministre a lancé cet été des discussions sur les modes d’accès à l’enseignement supérieur. Avec au centre, la question des « prérequis » que Mme Vidal a promis d’instaurer à l’entrée de l’université pour faire cesser le tirage au sort, unanimement condamné comme inique.

L’épineux problème des prérequis

Derrière ce concept flou de « prérequis » se cache le débat explosif sur la sélection à l’université. Pour les deux principales organisations étudiantes, la FAGE et l’UNEF, la mise en place d’une sélection pure et simple constituerait un casus belli : hors de question pour elles que les critères d’accès qui seront proposés conditionnent l’entrée à l’université. La ministre tente de déminer le terrain. « Je ne souhaite pas de sélection et je ne veux pas de tirage au sort », martelait-elle encore sur Twitter, le 25 septembre, quelques semaines seulement après avoir avancé, dans la presse, de premières idées de prérequis ressemblant furieusement à des critères utilisés dans les filières sélectives : « notes », « capacité de travail », « motivation », etc. Les présidents d’université défendent quant à eux des prérequis « coercitifs » – tout en assurant qu’une solution alternative devra être proposée à un bachelier qui ne les remplit pas…

Reste à savoir quelle sera la nature des conditions préalables d’admission qui seront donc requises. Le baccalauréat (professionnel, technologique, général) et sa spécialité (littéraire, scientifique, etc.) seront-ils déterminants pour accéder à telle ou telle formation ? Les notes du bac seront-elles prises en compte ? Les activités extrascolaires seront-elles examinées ? Enfin se pose la question cruciale de l’échelle de ces nouveaux critères : seront-ils fixés au niveau national, dans chaque filière disciplinaire, ou bien de manière libre par chaque université ?

Le ministère a promis aux candidats et à leurs familles qu’ils seront informés des nouvelles règles du jeu en novembre, au retour des vacances de la Toussaint (du 21 octobre au 6 novembre cette année). Il faudra encore relever le défi technique de mettre sur pied la nouvelle plate-forme avant le début de la procédure d’admission post-bac 2018, qui s’ouvrait jusqu’ici le 20 janvier, et le challenge législatif incontournable pour revoir APB de fond en comble. Là-dessus la ministre est prudente : « Je ne peux pas garantir que nous aurons une loi d’ici à janvier », a reconnu Frédérique Vidal, le 28 septembre.