Vives réactions après l’apparition d’une « procédure presse » à l’université de Strasbourg
Vives réactions après l’apparition d’une « procédure presse » à l’université de Strasbourg
Par Caroline Pain
L’établissement a dû renoncer à ses consignes visant à encadrer les communications des enseignants-chercheurs, personnels des laboratoires et administratifs avec les médias.
Amphithéatre à l’université de Strasbourg, septembre 2017. / Camille Stromboni / Le Monde
« En aucun cas, il ne s’agissait de museler les enseignants-chercheurs ! » La réponse de la directrice de la communication de l’université de Strasbourg, Armelle Tanvez, montre l’ampleur du malaise. L’établissement a décidé, mercredi 11 octobre, de reporter « sine die » la « procédure presse » qu’il avait pourtant prévu de mettre en place auprès de ses personnels, afin de rendre la communication vers l’extérieur « plus efficiente ».
Si l’initiative aurait pu être indolore dans une entreprise classique, elle n’a pas manqué de faire polémique dans le monde universitaire. Dans un document envoyé aux personnels de l’université le 5 octobre (voir document ci-dessous), la présidence priait les responsables de composantes, enseignants-chercheurs, personnels des laboratoires et administratifs d’informer désormais le service communication de l’université de tout échange avec un journaliste ou un média, y compris s’ils étaient sollicités directement, et ce, « le jour de l’interview, ou au plus tard le lendemain ». Le service communication en « informera la présidence », précise cette procédure.
« Entrave à la liberté d’expression »
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, plusieurs enseignants-chercheurs se sont élevés contre ce projet de « bâillonner les universitaires », titre d’un billet de blog sur le site Mediapart faisant la somme des accrocs à la liberté des enseignants-chercheurs, publié par Jérôme Valluy, de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne.
Mais la mesure a surtout beaucoup fait parler au sein de l’université : « Nous avons reçu une cinquantaine de messages de collègues inquiets et indignés, qui craignaient une entrave à leur liberté d’expression », explique Pascal Maillard, enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg, et secrétaire académique du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup). Ce syndicat a dénoncé une obligation qui « institue de fait le service communication, fonctionnellement rattaché à la présidence, en organe de centralisation, de contrôle et de possible censure de l’expression des personnels, des enseignants-chercheurs, des laboratoires et composantes de l’université ».
Le président de l’université, Michel Deneken, a fait marche arrière, tout en se déclarant surpris par ces réactions. Cette procédure avait pour unique objectif « de mieux relayer les prises de position scientifiques et les projets événementiels de tous personnels ou composantes, ou services de l’université », fait-il valoir dans un communiqué.
Lancée après un audit dans l’établissement en 2015, elle devait « tout simplement » permettre au service communication d’être « à même de faire le travail qu’une grande université est en droit d’attendre de lui ». S’il conserve cet objectif, le président a tout intérêt à en revoir la méthode.