Le président de la Catalogne, Carles Puigdemont, le 18 octobre à Barcelone. / GONZALO FUENTES / REUTERS

L’heure de vérité approche pour la Catalogne. Après le nouvel ultimatum lancé par le gouvernement espagnol lundi, le président catalan, Carles Puigdemont, a jusqu’à 10 heures, jeudi 19 octobre, pour affirmer clairement sa position sur l’indépendance de la région.

S’il ne le fait pas, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, pourrait déclencher l’article 155 de la Constitution, qui lui permet de suspendre, entièrement ou en partie, l’autonomie d’une région si celle-ci viole ses obligations légales. Cela constituerait une première depuis l’instauration de la Constitution espagnole, en 1978.

Madrid n’a encore rien dit sur les mesures qui seraient décidées dans le cadre de cet article 155, mais il pourrait limoger l’administration locale et installer de nouvelles équipes, ou encore prendre le contrôle de la police, des finances, etc.

De nouvelles élections ?

Dans ce bras de fer politique, M. Puigdemont risque de ne rien lâcher : il a assuré mercredi soir aux membres de son Parti démocrate européen catalan qu’il déclarerait formellement l’indépendance de la Catalogne si Mariano Rajoy mettait fin à l’autonomie de la région, retournant ainsi l’ultimatum fixé par Madrid qui conditionne le déclenchement de l’article 155 à la décision de Barcelone de déclarer, ou pas, l’indépendance.

Une autre solution à ce blocage est apparue dans la soirée de mercredi : la convocation d’élections régionales anticipées. « S’il [Carles Puigdemont] convoque des élections, et selon les modalités envisagées, cela pourrait être considéré comme un retour à la légalité », a déclaré une source gouvernementale à l’Agence France-Presse (AFP).

Mais cette option n’est pas envisagée à ce stade par les indépendantistes catalans. Le responsable des relations internationales du gouvernement catalan, Raul Romeva, affirmait mercredi matin que la convocation de nouvelles élections n’était « pas sur la table ».

Carles Puigdemont est dos au mur : au sein de la coalition hétéroclite qui l’a hissé au pouvoir, certains souhaiteraient qu’il fasse marche arrière, d’autres le poussent à avancer. Des élections pourraient donc lui permettre de reculer sans être « humilié ». Tous les Catalans pourraient alors voter pour exprimer leur point de vue. L’occasion pour Madrid de faire campagne pour reconquérir une partie des Catalans.

La tension monte

En attendant, la tension est encore montée d’un cran en début de semaine entre Madrid et les indépendantistes catalans, après le placement en détention de deux figures du mouvement d’autodétermination : Jordi Sanchez et Jordi Cuixart.

Lire notre reportage sur la manifestation de lundi : « Il s’agit de défendre notre liberté »

Ils sont poursuivis pour sédition, après avoir encouragé fin septembre, des manifestants à bloquer la sortie d’un bâtiment où des gardes civils menaient des perquisitions, les empêchant alors de sortir pendant plusieurs heures. Depuis ces arrestations, les manifestations se multiplient à Barcelone pour réclamer leur libération.