Une femme blessée lors de l’attaque à la camionnette, mardi 31 octobre. / BRENDAN MCDERMID / REUTERS

Cela ressemblait à un début d’après-midi normal à New York, mardi 31 octobre. Il faisait beau, et de nombreux promeneurs et cyclistes flânaient le long du fleuve Hudson. Quand soudain, juste après 15 heures, Eugene Duffy, qui passait dans le coin, a entendu un cri :

« J’ai regardé et j’ai vu un camion blanc deux blocs plus loin sur la piste cyclable. J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas. Je me suis dirigé vers l’endroit d’où venait le cri. J’ai vu deux hommes allongés par terre qui avaient des traces de pneus sur le corps. »

En se rapprochant encore, « j’ai pensé tout de suite, cette scène… J’ai pensé que c’était un acte terroriste », a-t-il confié à CNN, qui a recueilli les récits de témoins de l’attaque terroriste à la camionnette qui a tué huit morts dans le sud-ouest de Manhattan.

Tom Kendrick, lui, faisait son jogging quand il a remarqué « le chaos » qui régnait sur la piste cyclable. Il a vu un corps et un vélo dans les buissons qui longent la piste. Puis encore trois autres corps de cyclistes, eux aussi abîmés. « Je me suis approché pour voir si je pouvais aider, mais ils n’avaient plus besoin de mon aide – je crois qu’ils étaient morts », a-t-il confié au New York Times. Ils étaient couverts de sang et insconscients, avec des membres qui pendaient. C’était horrible, affreux. Complètement surréaliste. »

Parade d’Halloween

Cinq Argentins et une Belge figurent parmi les victimes de l’attentat le plus meurtrier à New York depuis le 11 septembre 2001. Selon la police, la camionnette a foncé sur la piste cyclable et le couloir de promenade qui longent le fleuve Hudson, vers le sud, sur près d’un kilomètre, renversant cyclistes et passants, avant de percuter un bus de ramassage scolaire et d’être obligée de s’arrêter.

Le chauffeur est alors sorti de son véhicule, armé d’un fusil à air comprimé et d’un fusil de paintball. Les policiers ont tiré sur lui et l’ont appréhendé.

De nombreux enfants se rendant à l’école ont été témoins de la scène, rapporte le New York Times, qui a recueilli le témoignage de la mère d’une fille de 13 ans « trop traumatisée pour parler ». « Elle était pile en face du tireur. Il avait deux armes », a-t-elle précisé.

Ramon Cruz a lui aussi vu le conducteur de près. « Il n’avait pas l’air de saigner. Il traînait la patte. Il avait l’air contrarié, paniqué, confus, a-t-il rapporté à CNN. Les gens passaient à côté de moi et disaient : “Il a une arme, il a une arme !” Je n’ai pas vu son arme. »

En attente de la parade d’Halloween dans les rues de New York, mardi 31 octobre. / KENA BETANCUR / AFP

Quatre heures plus tard, à moins de deux kilomètres des lieux du drame, la parade d’Halloween a emprunté comme prévu les rues de Greenwich Village. Une scène surréaliste, relève l’agence de presse Associated Press, que ces New-Yorkais venus regarder cette foule costumée, qui traverse tous les 31 octobre la ville depuis 1973.

A l’image de Cathryn Strobl, une New-Yorkaise de 23 ans, vêtue d’un costume de Buffy et symbole de résilience. « Je ne vais pas laisser ce qui s’est passé m’effrayer. Ça ne peut pas m’empêcher de vivre ma vie. »