TV – « Les Sirènes de Levanzo », à l’épreuve de la passion
TV – « Les Sirènes de Levanzo », à l’épreuve de la passion
Par Camille Langlade
A voir aussi ce soir. Avec la Sicile pour décor, Rolando Colla revisite avec pudeur délicatesse le thème de l’amour impossible (sur Arte à 20 h 55).
Le scénario est, en apparence, simple. Sur la petite île de Levanzo, au large de la Sicile, Ivan (Bruno Todeschini), botaniste grenoblois de 45 ans, prépare le mariage imminent de son frère, Richard, ancien toxico. Il y est rejoint par Chiara (Alessia Barela), la meilleure amie de la mariée, costumière à Pise. L’attirance entre les deux ne tarde pas à sauter aux yeux, mais leur amour semble impossible. Car lui n’y croit plus : « Le temps tue l’amour », affirme-t-il ; et elle est déjà en ménage depuis plus de quinze ans. Ils vont pourtant décider de vivre leur passion à corps perdu lors des quelques jours qui les séparent de l’arrivée des autres invités.
C’est le début d’une histoire d’amour contrariée, que l’on va suivre pendant sept journées, jusqu’à la fin des noces. Sept jours de tentation et de vertiges amoureux pendant lesquels cet interlude, qu’ils voulaient éphémère et léger, va s’avérer plus douloureux que prévu. Les choses se compliquent lorsque Stefano, le compagnon de Chiara, exprime son désir de débarquer plus tôt que prévu sur l’île…
Avec Les Sirènes de Levanzo, Rolando Colla revisite le thème de la peur de l’engagement et des amours à durée déterminée et signe un téléfilm sentimental au scénario médiocre mais à la mise en scène appliquée. Le réalisateur parvient à filmer avec pudeur et délicatesse la montée du désir entre ces deux corps qui se cherchent, s’attirent, avant de finalement se retrouver, irrésistibles.
Coincés sur cette île déserte et magnifique, ces deux êtres vont être confrontés à leurs propres échecs et à leurs propres désillusions. Dans ce huis clos insulaire ils n’ont, comme seule fenêtre sur le monde extérieur, que des écrans : ceux de leurs portables et de leurs ordinateurs. Un passage initiatique qui arrive à point nommé dans leurs vies de quadragénaires désabusés.
Orphée et Eurydice
Les pérégrinations sentimentales des amants sont entrecoupées de magnifiques plans larges, semblables à des tableaux. Une salle d’école toute de bleu vêtue, l’horizon par-delà la mer, des paysages naturels bruts : autant de scènes magnifiées par la caméra de Roland Colla et sublimées par les chants traditionnels interprétés par les vieux du village ; autant de parenthèses simples mais envoûtantes, qui viennent donner une autre dimension à cette comédie sentimentale.
Malgré une histoire qui frôle par moments la caricature, les personnages, eux, ne tombent jamais dans la niaiserie, parfaitement incarnés par le duo Bruno Todeschini-Alessia Barela, qui se mue en Orphée et Eurydice des temps modernes dans une scène finale pour la moins inattendue.
Les Sirènes de Levanzo, de Rolando Colla. Avec Bruno Todeschini, Alessia Barela, Marc Barbé (Suisse/Italie, 2016, 97 min).