Yémen : l’Arabie saoudite accuse l’Iran d’être responsable du tir de missile, un « acte de guerre »
Yémen : l’Arabie saoudite accuse l’Iran d’être responsable du tir de missile, un « acte de guerre »
Le Monde.fr avec AFP
Menée par Riyad, la coalition militaire « a décidé de fermer temporairement » tous les points d’entrée aérien, maritime et terrestre du Yémen.
La coalition militaire sous commandement saoudien a décidé lundi 6 novembre de fermer temporairement toutes les frontières aérienne, maritime et terrestre du Yémen, accusant l’Iran d’être derrière des transferts d’armes et un tir de missile des rebelles houthistes sur Riyad. Toutefois, elle maintient les possibilités d’accès du personnel humanitaire au Yémen selon des procédures d’inspection qui vont être actualisées.
Cette annonce et cette accusation sont contenues dans une déclaration publiée par l’agence officielle saoudienne SPA moins de 48 heures après l’interception et la destruction d’un missile balistique samedi soir au nord-est de Riyad, près de l’aéroport international, qui provenait du Yémen en guerre.
« La direction des forces de la coalition considère [cela] comme une agression militaire flagrante par le régime iranien qui pourrait équivaloir à un acte de guerre », stipule la déclaration.
La coalition a affirmé « le droit du royaume [saoudien] à la défense légitime de son territoire et de sa population, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies (ONU) ». Elle a aussi souligné « le droit du royaume saoudien de répondre à l’Iran au moment approprié et de manière appropriée », conclut la déclaration.
Des accusations de transferts d’armes clandestins
La guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales, qui ont été chassées en septembre 2014 de la capitale Sanaa, aux rebelles houthistes, issus de la minorité zaydite (branche du chiisme) très présente dans le nord et soutenus par l’Iran chiite. En mars 2015, le gouvernement yéménite du président Abd Rabbo Mansour Hadi a reçu le soutien d’une coalition militaire de pays musulmans, à majorité sunnite et emmenée par l’Arabie saoudite. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le conflit au Yémen a fait plus de 8 650 morts et quelque 58 600 blessés, dont de nombreux civils.
Les rebelles houthistes et leurs alliés, des unités militaires restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont tiré à plusieurs reprises depuis le Yémen des missiles vers l’Arabie saoudite qui les a interceptés dans la plupart des cas.
Depuis mars 2015, il y a un blocus de fait imposé autour du Yémen par la coalition sous commandement saoudien, mais Riyad et ses alliés accusent régulièrement l’Iran de procéder à des transferts d’armes clandestins vers les rebelles houtistes.
« Une violation de résolutions du Conseil de sécurité » par l’Iran
La déclaration de Riyad défend l’objectif de « combler des lacunes » dans le contexte de la poursuite de transferts de « missiles et d’équipements militaires vers les miliciens houthistes loyaux à l’Iran au Yémen ». « Toutes les mesures légales seront prises contre tous ceux qui violent ces procédures », avertit la coalition en enjoignant aux civils et aux missions humanitaires de se tenir à l’écart des zones de combat et des points de rassemblement des Houthis, qui ont prêté « allégeance à l’Iran » et qui « lancent des opérations hostiles contre le royaume [saoudien] ».
La coalition considère « l’implication du régime iranien » dans la fourniture de roquettes et de missiles aux rebelles yéménites houthistes comme « une violation flagrante de résolutions du Conseil de sécurité » de l’ONU, en particulier la résolution 2216, et cela peut être considéré comme « une agression directe ».
Dimanche, la France a condamné le tir de missile balistique ayant visé l’Arabie saoudite et revendiqué par les Houthis, pointant le « danger que la prolifération balistique fait courir à l’ensemble de la région ». Les Etats-Unis, proches alliés de l’Arabie saoudite, se sont inquiétés à plusieurs reprises depuis 2015 des transferts d’armes clandestins vers le Yémen. L’Iran est considéré aujourd’hui comme l’une des « bêtes noires » du président Donald Trump.