Une fondation artistique pour les Galeries Lafayette
Une fondation artistique pour les Galeries Lafayette
Par Emmanuelle Lequeux
L’espace Lafayette Anticipations, installé dans le Marais à Paris, ouvrira ses portes le 10 mars 2018. Il se présente comme « un couteau suisse » au service des artistes.
Vue intérieure (image de synthèse) du futur espace Lafayette Anticipations dans le Marais à Paris. / OMA/FONDATION D’ENTREPRISE GALERIES LAFAYETTE
A quelques mois de son ouverture, prévue le 10 mars 2018, au cœur du Marais parisien, la fondation Lafayette Anticipations lève le voile sur ses projets. Impulsée par Guillaume Houzé, président du Groupe Galeries Lafayette, cette structure privée dédiée aux arts plastiques, mais aussi au design et à la mode, ne ressemble à aucune autre. Ni Maison rouge, ni fondation Vuitton, ni collection Pinault : elle s’inscrit dans le Paris artistique avec une ambition singulière. Pas question ici de montrer la collection de ses fondateurs, ni de servir une marque, ni de concocter des expos blockbuster : « Plutôt qu’une boîte à bijoux, nous bâtissons une boite à outils, insiste Guillaume Houzé. Ce bâtiment du 9, rue du Plâtre est à la fois une machine, une maison pour les artistes, un site de production sur mesure, un lieu de vie ».
L’architecte Rem Koolhaas a réalisé pour cette fondation-laboratoire un bâtiment unique en son genre. Derrière la pierre de taille de la façade XIXe, une structure discrètement futuriste, au principe aussi simple que malin. Quasiment tous les planchers sont mobiles, permettant aux trois étages de se remodeler à loisir, en fonction des besoins. Au total, 49 configurations possibles. « Ces planchers sont de vrais tapis volants, mais qui supportent chacun 500 kilos au m2 », explique François Quintin, qui dirige le projet depuis sa naissance, en 2012.
Mais que va-t-il donc se passer entre ces murs de pierre, bois, béton et grilles d’acier ? Des expositions, bien sûr. C’est l’Américaine Lutz Bacher qui ouvrira le ban, avec « un grand geste », promet-on. Une femme, septuagénaire, peu connue en France… Le « la » est donné, la fondation Lafayette évite avec soin les sentiers battus. Une deuxième exposition, collective, mettra en jeu tout le potentiel mobile du site. Mais cette programmation ne sera que la pointe émergée de l’iceberg. Du rez-de-chaussée doté d’une boutique, d’un restaurant et d’un espace de rencontre, au studiolo réservé aux ateliers pratiques pour enfants et adultes, le site se conçoit avant tout comme un « couteau suisse » destiné à servir les ambitions les plus folles des artistes.
« Tout peut être imaginé en fonction des besoins »
Au sous-sol, un atelier où travailler le bois, le métal, la peinture, la sérigraphie, équipé notamment d’une fraiseuse numérique. « Tout peut être imaginé en fonction des besoins, notre désir est de créer des communautés de travail sur mesure pour chaque projet, d’accompagner aussi l’artiste sur le fond, qu’il expose chez nous ou dans des institutions amies, souligne François Quintin. Pourquoi un plasticien devrait-il constamment travailler seul, alors que jamais l’on exigerait cela d’un réalisateur de film ou d’un architecte ? »
Pour servir ces ambitions et partager son savoir-faire avec les institutions muséales qui en sont dépourvues, la fondation a rassemblé la crème des intervenants : directeur de production, chef d’atelier, coordinateur, chargé de médiation, équipe curatoriale, ils sont aussi inventifs que tout terrain. Mais au-delà de Lafayette Anticipations, c’est tout un quartier qui promet de se réinventer : en invitant le label de fooding italien Eataly à s’installer dans la rue adjacente, début 2019, Guillaume Houzé espère bien réinventer les passages parisiens, de cours en cours, du BHV (qui appartient lui aussi au groupe familial) jusqu’au Centre Pompidou.
Sur le Web : lafayetteanticipation.squarespace.com