Des membres de la Zanu-PF discutent du sort du président Mugabe, lundi 20 novembre, à Harare. / MARIUS BOSCH / REUTERS

C’est une voix de plus qui appelle au départ de Robert Mugabe. Encore une. L’ancien vice-président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa, limogé il y a deux semaines, a appelé mardi 21 novembre le président à démissionner afin de « préserver son héritage » et de permettre « au pays d’avancer ».

M. Mnangagwa s’est exprimé dans une déclaration à la presse alors qu’une procédure de destitution doit être engagée à l’encontre du président de 93 ans, qui refuse de quitter la tête du pays d’Afrique australe qu’il dirige depuis 1980.

Le délai qui avait été fixé à Robert Mugabe pour démissionner a expiré lundi à midi sans que le doyen des chefs d’Etat ait fait de nouvelle déclaration publique quant à son avenir. La Zanu-PF, le parti au pouvoir, qui a réuni ses instances dans l’après-midi, lui a notifié son limogeage de la présidence du parti, qu’il assurait depuis 1977.

C’est le limogeage et l’exil d’Emmerson Mnangagwa, le 6 novembre, qui ont décidé l’armée à intervenir mercredi. Les militaires craignaient de voir Grace Mugabe, 52 ans, honnie par la hiérarchie militaire, succéder à son mari. Depuis ce coup de force, Robert Mugabe a perdu le soutien de la Zanu-PF. Elle espère lui donner le coup de grâce, ce que ni l’armée ni la population descendue en masse dans la rue n’ont encore réussi à faire.

Destitution, démission ou coup d’Etat

La Zanu-PF prévoit de déposer une résolution de destitution devant les deux chambres du Parlement, l’Assemblée nationale et le Sénat. Cette procédure peut être engagée pour « faute grave », « manquement à la Constitution », « violation délibérée de la Constitution » ou « incapacité ».

Selon la Constitution zimbabwéenne, les deux chambres peuvent engager à la majorité simple une procédure de révocation du président. Une commission d’enquête est alors formée pour formuler une résolution de destitution, qui doit ensuite être approuvée à la majorité des deux tiers.

La Zanu-PF semble disposer d’appuis suffisants pour l’accélérer et la boucler dans un délai de vingt-quatre heures.

Appel à manifester

Les anciens combattants du Zimbabwe ont mis tout leur poids et leur prestige dans la balance pour pousser le président vers la sortie : « Toute la population doit abandonner ce qu’elle est en train de faire (…) et se diriger vers le Toit Bleu », la résidence privée du chef de l’Etat, pour que Robert Mugabe « quitte le pouvoir immédiatement », a déclaré le secrétaire général de l’influent groupe des vétérans de la guerre de libération, Chris Mutsvangwa. « Les manifestations doivent commencer maintenant. »

L’armée a placé Robert Mugabe en résidence surveillée, tout comme son épouse Grace. Dimanche, il a rencontré une nouvelle fois les membres de l’état-major et de la police, qui ne sont manifestement pas parvenus à le convaincre de démissionner.

Si Robert Mugabe continue à refuser de céder le pouvoir, les militaires peuvent le renverser purement et simplement, un scénario qu’ils ont jusque-là délibérément écarté. Dès la nuit de mardi à mercredi, l’armée a pris soin de mettre les formes pour que son coup de force garde des apparences légales.

L’Union africaine (UA) et l’organisation régionale d’Afrique australe (SADC) ont aussi mis en garde l’armée contre toute velléité d’évincer Robert Mugabe sans autre forme de procès.

Le général Constantino Chiwenga a appelé la population au « calme » et à la « patience », avant les nouvelles manifestations anti-Mugabe attendues mercredi dans la capitale.

La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, a appelé « tout le monde à éviter la violence ».