Rebecca Blackwell / AP

Le Parlement mexicain a approuvé, vendredi 15 décembre, une loi qui officialise et pérennise la présence de militaires dans les rues du pays dans le but de combattre le crime organisé.

La « loi de sécurité intérieure » met fin à un vide juridique de plus de dix années. En 2006, le président Felipe Calderon mobilisait l’armée pour affronter les cartels dans le nord du pays, confiant de facto des tâches de la police, souvent corrompue localement, aux militaires. Désormais, les forces armées effectueront ces tâches de sécurité de façon permanente. Cela concerne notamment les patrouilles, les fouilles et la détention de suspects.

L’offensive militaire de 2006 a provoqué une vague de violence sans précédent dans le pays, avec plus de 196 000 homicides et 30 000 disparitions, selon des chiffres officiels, que des ONG pensent bien en dessous de la réalité.

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Les opposants à cette loi estiment qu’elle va militariser durablement le pays en légalisant une mesure d’exception qui a contribué à dégrader fortement la situation des droits humains. Le haut-commissaire de l’ONU aux droits humains et la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) avaient appelé le pouvoir législatif mexicain à rejeter en l’état actuel cette loi.

Ces opposants au texte s’inquiètent notamment que la loi donne au président le pouvoir de recourir à l’armée en cas de grave danger pour l’intégrité des personnes ou pour le fonctionnement des institutions. Les soutiens à cette loi soulignent que le déploiement militaire serait autorisé pour une période d’un an renouvelable, uniquement dans les Etats où la police serait défaillante. Un recours devant la Cour suprême devrait bientôt être présenté.