• Franz Schubert
    Nacht & Träume

    Transcriptions de lieder et de chœurs. Stanislas de Barbeyrac (ténor), Wiebke Lehmkuhl (mezzo-soprano), Accentus, Insula Orchestra, Laurence Equilbey (direction)

Pochette de l’album « Nacht & Traüme » consacré à Franz Schubert par Accentus et Insula Orchestra, sous la direction de Laurence Equilbey. / ERATO/WARNER CLASSICS

Mise en musique d’un texte poétique, le lied est une sorte de transcription. Le compositeur y révèle sa « vision » d’une scène en vers. Adapter des lieder de Schubert à l’orchestre – substitué au piano – revient donc à réaliser la transcription d’une transcription et à trouver l’équilibre entre l’identité de l’original et l’expression de la nouvelle mouture. Magnifiquement interprété, ce programme sur le thème de la nuit et des rêves prouve qu’il ne suffit pas d’être un grand compositeur pour réussir cette forme de dédoublement. Certains (tels Benjamin Britten ou Richard Strauss) « signent » trop leur transcription, d’autres (comme Max Reger ou Hector Berlioz), pas assez. Il faut un Franz Liszt pour y parvenir. Aussi expert que lui dans l’art de se donner tout entier sans se mettre en lumière, Franck Krawczyk livre ici cinq merveilles de recréation, à écouter sans l’aide de la notice pour avoir le plaisir de les débusquer. Pierre Gervasoni

1 CD Erato/Warner Classics.

  • Malka Family
    Le Retour du kif

Pochette de l’album « Le Retour du kif », de Malka Family. / SAINT PAUL FORCE/MODULOR

Formé au début des années 1990, le groupe Malka Family s’était mis en sommeil en 1997, avant de revenir donner aux amateurs de funk leur dose de bonnes vibrations depuis mai 2015. Un retour scénique d’abord, suivi aujourd’hui d’un nouvel album, Le Retour du kif. Appui terrien de la basse – Dany O’ impérial dès la première chanson, Donne moi ça –, cocottes funky à la guitare, section de cuivres impeccables, chœurs et claviers dans la lignée de la galaxie P-Funk de George Clinton (effet de Clavinet, nappes de synthétiseurs)… Musicalement précis, avec cette fluidité swing qui donne envie de danser, quelques virées bien menées vers la soul disco des années 1970. Sur la scène française du funk, Malka Family tient toujours son rang, en tête. Avec toujours des textes en français, dont les mots sont choisis pour rebondir sur les ponctuations des vents, les syncopes rythmiques. Sylvain Siclier

1 CD Saint Paul Force/Modulor.

  • Bumba Massa
    V70

Pochette de l’album « V70 », de Bumba Massa. / CANTOS/PIAS

L’album de rumba congolaise qu’il faut en cette fin d’année pour repartir du bon pied quand minuit aura sonné. Parce que la rumba se danse à deux et rend forcément léger(ère), pour peu qu’on ait un(e) partenaire capable de chalouper dans le tempo afro-cubain lascif qui fait la marque de cette musique. Une musique romantique, née sur les rives du fleuve Congo dans les années 1950, qu’aucune mode n’a réussi à déstabiliser. Une force tranquille dont Bumba Massa, septuagénaire crooner que l’on avait redécouvert il y a quelques années au sein du groupe Kékélé, est l’un des derniers vétérans ayant vécu son âge d’or (années 1960, au moment des indépendances). Il revendique fièrement et avec raison cinquante-quatre ans de carrière. La voix impeccable (« Comme le bon vin, plus elle vieillit, meilleure elle est », fanfaronne le « jeune homme »), s’épanouit en lingala ou français au-dessus des guitares déliées qui font tourner les mélodies avec une belle assurance. Patrick Labesse

1 CD Cantos/Pias.

  • Guizmo
    Amicalement vôtre

Pochette de l’album « Amicalement vôtre », de Guizmo. / BECAUSE

On avait quitté le jeune rappeur Guizmo suicidaire, déprimé, prêt à retourner sa colère contre lui-même. On le retrouve dans un dernier sursaut bravache. Avec ce sixième album à 26 ans, il est même prêt à en découdre avec ses pairs, surtout ceux, plus âgés (JoeyStarr en première ligne), qui ont certainement d’autres chats à fouetter que de répondre à ses invectives de sale gosse. Malgré tout, Guizmo a cette énergie du désespoir qui rend ses textes pleins d’angoisse, comme Je n’sais pas quand ça finira ou Les gens parlent d’amour, souvent touchant. C’est d’ailleurs quand il est sans filtre pour raconter son enfance cabossée, son adolescence alcoolisée, ses errements de jeunes adultes, dans Mon CV ou Je n’ai plus peur de me souvenir, qu’il est le plus efficace. Guizmo est encore un des jeunes loups les plus prometteurs de sa génération, mais il gâche son talent et ne sait manifestement pas s’entourer des meilleurs compositeurs, même si ce disque est le moins bâclé de ses productions. Stéphanie Binet

1 CD Because.