Harvey, Irma, Maria… : une saison cyclonique au bilan désastreux
Harvey, Irma, Maria... : une saison cyclonique au bilan désastreux
Par Pierre Barthélémy
Entre août et octobre, dix ouragans se sont succédé dans l’Atlantique, semant la mort et causant des centaines de milliards de dollars de dégâts.
Le 27 août à Houston (Texas), après le passage d’Harvey. / David J. Phillip / AP
Ils se sont appelés Franklin, Gert, Harvey, Irma, José, Katia, Lee, Maria, Nate et Ophelia. Une série de dix ouragans consécutifs dans l’Atlantique Nord, qu’aucune tempête tropicale – moins puissante – n’est venue interrompre. Du jamais-vu depuis que les satellites météorologiques observent la Terre. Entre août et octobre, les médias n’ont eu d’yeux que pour les cartes du centre américain de suivi des cyclones de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) : on y voyait éclore les immenses tourbillons au-dessus de l’océan, on en suivait les trajectoires prévues et on en guettait les changements d’intensité. Pendant plus de deux mois les ouragans se sont succédé quasiment sans interruption, en un véritable cortège.
Un cortège funèbre pour les plus dévastateurs d’entre eux. De cette saison cyclonique 2017 hyperactive resteront quelques images marquantes. Fin août, l’ouragan Harvey, scotché au-dessus du Texas, submerge les côtes du « Lone Star State » sous des pluies diluviennes. A Nederland, on enregistre 1,54 mètre de précipitations en quelques jours ! A Houston, subitement devenue cité lacustre, des centaines de milliers d’habitants, piégés par la montée des eaux, grimpent dans les étages de leurs maisons inondées pour attendre les secours.
« Saison la plus active depuis 2005 »
Quelques jours plus tard, pour la première fois de l’histoire, un ouragan de catégorie 5, soit le plus haut degré de l’échelle de Saffir-Simpson qui classe les cyclones tropicaux en fonction de la vitesse de leurs vents, s’abat sur les Antilles. C’est Irma. Les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy sont dévastées par les éléments déchaînés avant qu’Irma ne fasse route vers Cuba puis vers la Floride.
Fin septembre, un second ouragan de catégorie 5, Maria, déboule plus au sud, touche la Guadeloupe et la Martinique, avant de ravager Porto Rico, causant de nombreux morts, détruisant les cultures et le réseau électrique de l’île. Moins dramatique, le dernier ouragan de l’année, Ophelia, s’est fait néanmoins remarquer comme le plus oriental des ouragans majeurs jamais formés et surtout pour avoir frappé… l’Irlande – où il a causé la mort de trois personnes –, soit bien loin du continent américain où l’on a coutume de voir s’abattre ces catastrophes naturelles.
Avec un total de 17 événements – 7 tempêtes tropicales et 10 ouragans dont 6 majeurs, c’est-à-dire atteignant ou dépassant la catégorie 3 dans l’échelle de Saffir-Simpson –, 2017 fait clairement figure d’année agitée. Mais pas d’année record. Ce « titre » revient toujours au cru 2005 – l’année du tristement célèbre ouragan Katrina qui tua près de 2 000 personnes à La Nouvelle-Orléans – avec 28 événements parmi lesquels on ne compta pas moins de 15 ouragans dont 7 majeurs. Ainsi que l’a expliqué la NOAA dans son bilan de la saison cyclonique dans l’Atlantique Nord publié le 30 novembre, « historiquement, 2017 a été la septième saison la plus active dans une série d’enregistrements qui commence en 1851 et cela a été la saison la plus active depuis 2005 ».
Coût de 306 milliards de dollars
L’agence américaine s’appuie là sur l’indice ACE (Accumulated Cyclone Energy ou énergie cumulative des cyclones), qui, en se basant sur la vitesse des vents, agrège l’énergie estimée de chaque tempête tropicale ou ouragan de l’année. Une saison « normale » dispose d’un indice compris entre 66 et 111. Avec un score de 223, 2017 est clairement dans le haut du panier mais reste à distance de l’indice enregistré en 2005 (250) et du record en la matière, obtenu en 1933 (près de 259). Le mois de septembre a en revanche été le plus actif de l’Histoire.
Il est un autre chiffre qui, à sa manière, dit l’ampleur de cette saison cyclonique, celui des pertes économiques qu’elle a entraînées. Le 20 décembre, le géant de la réassurance Swiss Re a rendu publique son estimation du coût des catastrophes naturelles pour 2017 : « 306 milliards de dollars [258 milliards d’euros], contre 188 milliards en 2016, et bien plus que la moyenne annuelle des dix dernières années (190 milliards de dollars) ». Swiss Re ajoute que la seule perte imputable à Harvey, Irma et Maria s’élève à presque 93 milliards de dollars.
Mais ce montant ne concerne que les biens assurés. La facture réelle de la saison des ouragans 2017 devrait être beaucoup plus élevée. Publiée le 8 septembre par deux chercheurs américains, une estimation du coût de Harvey pour la seule région de Houston faisait état d’une addition de près de 200 milliards de dollars…