Michel Aupetit, le 6 janvier, à Notre-Dame-de-Paris. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Depuis le 6 janvier, Mgr Aupetit est le nouvel archevêque de Paris. A la tête du diocèse le plus important de France, le successeur du cardinal André Vingt-Trois sera membre de droit du conseil permanent de la Conférence des évêques de France et l’un des interlocuteurs de l’Etat dans le cadre de ses relations avec l’Eglise catholique. Eléments de portrait de l’une des figures les plus en vue de l’Eglise catholique française, connue pour ses prises de position conservatrices.

  • Une enfance « un peu éloignée » de la religion

Enfant, Michel Aupetit n’a pas fréquenté l’école catholique, ni les rassemblements scouts ou les chorales d’église. Ses amis n’étaient pas pratiquants. Ses deux grands-pères étaient radicalement anticléricaux. Son père, cheminot de profession, n’entrait pas dans les églises. Seule sa mère était « une femme de foi », et allait à la messe assez souvent.

« La seule chose que ma mère m’a apprise, c’est le Notre Père et le Je vous salue Marie. A partir de ces deux prières, j’ai appris à parler à Dieu. Mais en secret : personne n’en savait rien », explique Mgr Aupetit dans son entretien au Monde.

  • Un ancien médecin

Il a commencé par soigner les corps avant de s’occuper des âmes. Mgr Aupetit a exercé pendant onze ans comme médecin généraliste à Colombes (Hauts-de-Seine). Après des études de médecine à Necker et à Bichat à Paris, Michel Aupetit était « très heureux comme médecin ».

Au Monde, il explique ainsi : « La médecine m’a appris à aimer les gens indépendamment de ce qu’ils sont. Quand vous êtes médecin, vous soignez des gentils et des pas gentils, toutes sortes de gens. »

  • Une vocation tardive

Il pensait à fonder une famille lorsqu’il dit avoir ressenti « l’appel de Dieu ». Michel Aupetit explique qu’il avait « déjà une intimité avec le Christ », notamment par des lectures, des cours de théologie ou encore des retraites monacales. Mais ce n’est qu’à l’âge de 39 ans qu’il entre finalement au séminaire, après ce qu’il décrit comme « un combat qui a duré un certain temps ».

  • Un Parisien qui se rêve à la campagne

« Le Seigneur m’a demandé de repasser le périphérique. » C’est ainsi que Mgr Michel Aupetit a accueilli, le 7 décembre, sa nomination par le pape à la tête de l’archevêché de Paris. Car, contrairement à la règle tacite qui conduit l’Eglise à éviter de nommer évêque d’un diocèse un prêtre qui en est issu, Mgr Aupetit est un local.

Après son ordination sacerdotale en 1995, à 44 ans, il exerce comme vicaire dans différentes paroisses du centre de Paris, avant d’être nommé curé puis doyen dans le 15e arrondissement, à Notre-Dame-de-l’Arche-d’Alliance. En 2006, il devient vicaire général, puis évêque auxiliaire en 2013, avant de devenir évêque de Nanterre, en avril 2014.

Une carrière de citadin qui entre en contradiction avec ses premières ambitions. En 2015, il expliquait à Paris Match vouloir « devenir curé de campagne », à défaut d’être « médecin de campagne ». « Je m’y exerce déjà l’été pendant mes vacances en Eure-et-Loir où mon père de 98 ans a une petite maison. Le dimanche, je fais le tour des messes », disait-il.

  • Des positions controversées

Le 26 mai 2013, Mgr Aupetit défile dans les rangs de La Manif pour tous pour s’opposer à la loi Taubira. Farouche opposant au mariage pour tous, il avait donné une interview en 2012 à l’hebdomadaire Paris Notre-Dame, dans lequel il affirmait :

« Il ne convient pas qu’au nom d’un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes. (...) Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L’inceste ? L’adoption d’un enfant par un frère et une sœur ? Pourquoi pas, en effet, “puisqu’ils s’aiment”, pour reprendre l’argumentation des partisans du “mariage homosexuel” ? »

Il participe aussi régulièrement, avec une vingtaine d’évêques conservateurs, à des « marches pour la vie » hostiles à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

  • Un spécialiste de la bioéthique opposé à la PMA et à l’euthanasie

Lorsqu’il était prêtre à Paris, Michel Aupetit a suivi des études de bioéthique médicale au CHU Henri-Mondor, à Créteil. Une discipline qu’il a même enseignée entre 1997 et 2006 à l’université de Créteil, avant d’animer un groupe de travail sur ces questions au sein du diocèse de Paris. Auteur de plusieurs ouvrages sur l’embryon, la sexualité et la fin de vie, Mgr Aupetit est un farouche opposant à la procréation médicalement assistée (PMA) et à l’euthanasie.

En juin, il affirmait dans une interview à Famille chrétienne, à propos de la PMA : « L’enfant devient un simple produit manufacturé : sous prétexte qu’il est objet de désir, il est mis à la disposition des adultes, comme l’on ferait pour une voiture ou un smartphone à la mode !»