Danse, marionnettes, photographie : nos idées de sorties culturelles
Danse, marionnettes, photographie : nos idées de sorties culturelles
Chaque vendredi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » une sélection d’événements pour la fin de la semaine.
Le spectacle « Brûlent nos cœurs insoumis » de Christian et François Ben Aïm sera sur scène au festival Trajectoires, à Nantes. / PATRICK BERGER
LES CHOIX DE LA MATINALE
Partout en France, les bibliothèques et les librairies ouvriront leurs portes samedi 20 janvier pour la deuxième édition de la Nuit de la lecture tandis qu’à Nantes, la première édition du festival de danse Trajectoires parie sur une vaste circulation des spectacles dans les théâtres mais aussi dans la ville. Faites votre choix !
EXPOSITION : « Barbara », derniers jours à la Philharmonie de Paris
L’exposition « Barbara » à la Philharmonie. / JUST JAECKIN
Il reste jusqu’au 28 janvier pour aller voir, à la Philharmonie de Paris, l’exposition « Barbara ». Laquelle présente un équilibre réussi entre le rendu du culte dont la chanteuse, pianiste et auteure-compositrice est toujours l’objet, plus de vingt ans après sa mort, le 24 novembre 1997, et, ce qui intéresse plus, sa part fantasque, sa vie hors de l’adoration par les fans.
Le parcours est chronologique, avec, à chaque étape, des thématiques principales : l’enfance, les débuts dans les cabarets, la reconnaissance dans les années 1960, les séjours à Göttingen, les grands rendez-vous parisiens, la complicité avec la productrice de télévision Denise Glaser, le succès pop de L’Aigle noir, ses engagements notamment pour la lutte contre le sida… Des photographies et des films montrent ainsi une Barbara rieuse, vive, lumineuse. Avec, pour accompagner le passage d’espace en espace, la diffusion de chansons de Barbara. Sylvain Siclier
« Barbara », exposition à la Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pantin. Vendredi de 12 heures à 20 heures ; samedi et dimanche de 10 heures à 20 heures ; du mardi au jeudi, de 12 heures à 18 heures. De 6 € à 11 €. Jusqu’au 28 janvier.
FESTIVAL. Partout à travers la France, une plongée nocturne dans les livres
Paul Auster au Havre, Lydie Salvayre à Béziers, Pierre Lemaître à Angoulême, Véronique Ovaldé à Paris… Partout en France, les bibliothèques et les librairies ouvriront leurs portes samedi 20 janvier pour la deuxième édition de la Nuit de la lecture. Au total, plus de 1 500 lieux pour quelque 3 500 événements.
Cette opération, lancée par le ministère de la culture, tente de promouvoir, à travers des animations gratuites, le plaisir de lire, de découvrir et d’échanger. « Lieux de murmures les jours ordinaires, librairies et bibliothèques deviennent, cette nuit-là, les jardins sonores où s’ouvre la fleur orale des livres. Il n’y aura pas de “chuuuut” , puisque les voix de tous les lecteurs s’élèveront », se réjouit l’écrivain Daniel Pennac, parrain de cette édition 2018. Sandrine Blanchard
https ://nuitdelalecture.culturecommunication.gouv.fr/Programme#/
CONCERT. La pianiste italienne Beatrice Rana à Lyon et à Paris
La pianiste Beatrice Rana. / NICOLAS BETS / FONDATION VUITTON
C’était en juillet 2016, au Festival de Radio France à Montpellier : Beatrice Rana, 23 ans à l’époque, 24 aujourd’hui, interprétait avec aplomb les trente Variations Goldberg de Bach, cette pierre de Rosette de la musique. Pour être doublement lauréate du prestigieux concours Van Cliburn 2013 (Médaille d’argent et Prix du public), la pianiste italienne n’a certes rien à prouver sur le plan technique. Mais sa maturité sereine et son sens architectural impressionnent, de même que l’élégance de son phrasé, la fluidité de son jeu, la rondeur charnelle du son.
Le programme proposé le 19 janvier dans la mythique Salle Molière de Lyon, puis le 20 janvier dans le cadre enchanteur et intime de la Fondation Vuitton à Paris, devrait lui aller comme un gant. Après la Blumenstück de Schumann et ses vertigineuses Variations symphoniques, les Miroirs de Ravel puis des extraits de L’Oiseau de feu de Stravinsky dans la transcription de Guido Agosti. Marie-Aude Roux
Salle Molière, 18, quai de Bondy, Lyon 5e. Le 19 janvier à 20 h 30. Tél. : 04-78-47-87-56. De 20 € à 40 €. Pianoalyon.com ; Fondation Louis Vuitton, 8, avenue du Mahatma-Gandhi, bois de Boulogne, Paris 16e. Le 20 janvier, à 20 h 30. Tél. : 01-40-69-96-00. De 15 € à 25 €. Fondationlouisvuitton.fr
THÉÂTRE. La rhétorique implacable du fanatisme, au Théâtre de poche
Détail de l’affiche du spectacle « Tertullien ».
En septembre 2017, Hervé Briaux participait au festival de Villerville, dans le Calvados, où il a donné la primeur de son Tertullien, aujourd’hui repris au Théâtre de poche, à Paris. Hervé Briaux est un comédien fin, et aussi un grand lecteur. Il s’est intéressé aux écrits du Tertullien, né vers 160 à Carthage, dans une famille laïque, et devenu un chrétien radical après sa conversion, vers 195.
Dans De spectaculis, Tertullien met en garde contre les divertissements et le théâtre, qui représentent à ses yeux une idolâtrie profanant Dieu. Hervé Briaux a adapté ce texte, en partant des différentes traductions, et il le joue seul – sous la direction du metteur en scène Patrick Pineau. La sobriété de son interprétation et sa diction impeccable font entendre chaque mot d’une rhétorique implacable et glaçante, qui est celle de tout fanatisme. Brigitte Salino
Tertullien, d’après De spectaculis, de Tertullien. Par Hervé Briaux. Théâtre de poche, 75, boulevard du Montparnasse, Paris 14e. M : Montparnasse. Tél. : 01-45-44-50-21. Vendredi et samedi, à 19 heures ; dimanche à 17 h 30. 17 €
DANSE. Festival Trajectoires à Nantes
Le spectacle « Brûlent nos cœurs insoumis » de Christian et François Ben Aïm sera sur scène au festival Trajectoires, à Nantes. / PATRICK BERGER
A Nantes, du 20 au 28 janvier, la première édition du festival de danse Trajectoires, sous la houlette du Centre chorégraphique national, en complicité avec six scènes de la métropole nantaise, parie sur une vaste circulation des spectacles dans les théâtres mais aussi dans la ville. Pour le week-end d’ouverture, un parcours déambulatoire est proposé au Lieu Unique, avec un programme composé, entre autres, de Sa prière, de Malika Djardi, sur le thème de la foi, de Bazin, de Tidiani N’Diaye, autour d’un très symbolique morceau de tissu, Victory Over the Sun, de Mustafa Kaplan et Filiz Zizanli, qui plonge dans le travail du geste et du son.
En nocturne, des extraits de pièces et des improvisations par les étudiants du CNDC d’Angers se dérouleront au château des Ducs de Bretagne. Dimanche, on peut voir une exposition autour de l’éventail intitulée Jest Act#5, conçue par Ilaria Turba et Ambra Senatore, qui s’amusent à ouvrir et fermer cet objet de beauté. Deux performances, Ex-pression, de Yann Marussich, et Brûlent nos cœurs insoumis, de Christian et Francois Ben Aïm, sont également présentées. Un week-end de lancement bien rempli pour une semaine de festivités chorégraphiques. Rosita Boisseau
Trajectoires, du 20 au 28 jnavier. Nantes. CCN, Nantes. Les 20 et 21 janvier, performances au Lieu Unique, tarif 8 euros. Tél. : 02-40-12-14-34.
PHOTOGRAPHIE. La langue des signes de Zbigniew Dlubak
Désymbolisations, 1978, de Zbigniew Dlubak / Armelle Dłubak / Archeology of Photography Foundation, Varsovie
Après son retour du camp de concentration de Mauthausen, à la fin de la seconde guerre mondiale, Zbigniew Dlubak, grande figure de la photographie polonaise, s’est essayé à des images modernistes, dans la lignée du constructivisme d’avant-guerre. Au plus près de la réalité de son sujet, fragment de corps ou objet, il finissait paradoxalement par tendre vers l’abstraction.
Mais ce sont ses œuvres des années 1970, présentées au deuxième étage de la Fondation Henri Cartier-Bresson, qui sont les plus étonnantes : fasciné par la linguistique, il crée des suites d’images avec un corps nu aux poses codées, ou juste deux mains aux doigts savamment placés. Ces images répétées forment une partition étrange, comme un alphabet dont le sens serait caché. Des « désymbolisations » qui visent à détacher le corps de ses connotations culturelles ou religieuses, pour laisser le spectateur, seul face à l’image, trouver lui-même un sens aux gestes. Claire Guillot
Zbigniew Dlubak. Fondation Henri Cartier-Bresson, 2, impasse Lebouis, Paris 14e. Jusqu’au 29 avril 2018. Mardi à dimanche : 13 heures - 18 h 30. Nocturne gratuite le mecredi jusqu’à 20 h 30. Samedi à partir de 11 heures.
THÉÂTRE ET MARIONNETTES. Philippe Genty au 13e Art
Une scène du spectacle « Paysages intérieurs ». / R.FERRANTI PHOTOGRAPHIE
Il y avait longtemps que l’on n’avait pas vu un spectacle de Philippe Genty, figure de la scène du théâtre et des marionnettes depuis la création de sa compagnie, en 1968, à Paris. A l’affiche du 13e Art, il présente Paysages intérieurs, créé en 2016. Cette « odyssée pour sept acteurs et marionnettes » incarne le parcours de Philippe Genty tel qu’il l’a raconté dans un livre paru chez Actes Sud il y a cinq ans. En le traduisant sur scène, sur une musique de René Aubry, il convoque les images mixtes qui ont fait son écriture et son style, entre projections, accessoires et marionnettes, décors et jeux de tissus, au milieu desquels des personnages droit sortis d’un rêve ou d’un cauchemar tracent une voie inconfortable.
Philippe Genty parle d’un monde intérieur « où se confondent le sublime, le terrifiant et la poétique plastique ». Avec cette vision très personnelle et intense de la formidable pression de l’imagination sur le réel qu’il sait mettre en scène. Le fantastique s’invite régulièrement chez Genty, qui fait palpiter l’absence de frontières entre le psychisme et le monde comme il va. Rosita Boisseau
Paysages intérieurs, de Philippe Genty. 13e Art, Centre commercial Italie 2, Paris 13e. Jusqu’au 21 janvier. Samedi 20 h 30 et dimanche 15 heures. De 20 à 43 euros. Tél. : 01-53-31-13-13.