Dans « Gaspard va au mariage », film d’Antony Cordier, Christa Théret ne quitte plus sa peau d’ursidé. / Jeannick Gravelines

« C’est une guerrière un peu céleste. » De sa voix légèrement rauque, voilà comment Christa Théret définit son rôle dans Gaspard va au mariage, nouveau film d’Antony Cordier. Dans cette comédie originale, elle joue, aux côtés de Félix Moati et Lætitia Dosch, un personnage de femme enfant qui se réfugie, littéralement, dans une peau d’ours jusqu’à se persuader qu’elle en est un. « Pour Coline, cette peau est une manière de se protéger », dit celle qui, bon petit soldat, a étudié les mouvements de l’animal pour mieux l’imiter.

Jouer, son « issue de secours »

Comme son personnage, l’actrice de 26 ans veut se protéger. Sans doute parce qu’elle a été jetée très tôt dans le « drôle de milieu » du cinéma. La première fois, elle a 11 ans. Repérée dans une cour d’école, « sauvagement castée » selon ses mots, on la voit ensuite dans Le Couperet (2005) de Costa-Gavras. Puis, quatre ans plus tard, elle est de nouveau choisie pour incarner Julie dans Et toi, t’es sur qui ?. Sélectionné dans la catégorie Un certain regard, le film de Lola Doillon la propulse au Festival de Cannes.

Drôle de trajectoire pour celle qui s’imaginait institutrice ou libraire. Une trajectoire bousculée à la même époque par la mort de son père, artiste peintre. Elle n’a que 15 ans. « Jouer a été mon issue de secours », confie-t-elle avec pudeur. Grâce à LOL, de Lisa Azuelos, Christa Théret est nominée pour le César du meilleur espoir féminin et devient un visage reconnu. Mais ce bonheur s’accompagne de la « peur de cette notoriété qui vous échappe ». Alors, la comédienne joue profil bas, refuse des rôles trop faciles, et se tourne vers des films qu’elle qualifie d’engagés, dans lesquels elle campe « des héroïnes marginalisées, des jeunes filles qui se cherchent ». À l’image de ses apparitions dans La Brindille, Voie rapide, Renoir, ou La Fille du patron Pour expliquer cette jeune carrière, elle affirme être animée par l’idée de « donner la parole à ceux qui ne l’ont pas », être attirée par « la poésie de l’écriture, l’engagement du personnage ».

Bientôt à l’affiche du très attendu E-Book, film d’Olivier Assayas sur le milieu de l’édition, elle reste discrète sur ses prochains projets, explique vouloir choisir des premiers films, et rêve de défendre un rôle « féministe ». « Donner tout, et en même temps sortir quelque chose de soi », livre-t-elle avec un sourire de Joconde. Une autre manière de se protéger ?

« Gaspard va au mariage », d’Antony Cordier, avec Félix Moati, Lætitia Dosch, Christa Théret. En salle le 31 janvier.