TV – « Altered Carbon », un blockbuster qui fait pschittt
TV - « Altered Carbon », un blockbuster qui fait pschittt
Par Martine Delahaye
Si la mise en image de cette série de science-fiction est somptueuse, le scénario laisse de glace (sur Netflix à la demande).
Altered Carbon | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:23
Adaptée du roman de science-fiction Carbone modifié (2002), du Britannique Richard Morgan, la série Altered Carbon aligne tous les critères à même de défier les blockbusters hollywoodiens les plus fameux. Un des budgets les plus importants de l’histoire des productions Netflix. Une recréation confiée à Laeta Kalogridis, qui a travaillé sur les films Terminator : Genisys et Avatar. Une réalisation du pilote due à Miguel Sapochnik, qui dirigea le célèbre épisode de Games of Thrones « Battle of the Bastards ».
On a même cru, au vu de ses premières images très stylées et de son côté « pot-pourri », à une série en forme de génial pastiche tissé d’humour noir. Mais pas de clin d’œil ici, pas d’humour, seulement de grossiers emprunts. Du cyberpunk et du space opera, du transhumanisme et du gore, des jeux du cirque et du sexe, du Jedi et du kung-fu, du militaire et du western, du sang et des seins : il y a du pop-corn plein le gobelet pour chacun selon son goût.
Univers galactique
Un beau gâchis, car tout a été pensé pour faire d’Altered Carbon un grandiose spectacle : la mise en images, le travail sur les décors, sur les lumières, la diversité des ambiances, certains combats (dont un de kung-fu en apesanteur). Encore eût-il fallu un scénario à la hauteur des images, avec des personnages qui nous embrasent et des enjeux qui empêchent l’ennui de pointer son nez.
« Altered Carbon » / Netflix
Comment s’attacher aux personnages, en tant que spectateur, quand on sait que tout un chacun peut renaître, après sa mort, en se glissant dans une nouvelle enveloppe corporelle ? La science a en effet tant progressé, en cette fin des années 2300, que l’on peut dorénavant stocker et copier ses pensées et ses souvenirs dans une sorte de pile : une avancée qui permet de migrer de corps en corps tout en restant soi-même. On a beau voir un jeune héros se démener pour défier une planète inégalitaire, on a beau contempler l’univers galactique de la série, on a beau percevoir les thèmes contemporains que les scénaristes ont tenté de travailler, rien n’y fait : on ne peut s’empêcher de penser à l’histoire d’une grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu’un bœuf.
Altered Carbon, saison 1, série créée par Laeta Kalogridis. Avec Joel Kinnaman (EU, 2018, 10 × 52 min).