Des croissances à deux chiffres, des commandes records, des niveaux de rentabilité inédits… Dans le monde méconnu des équipementiers automobiles, les grands fournisseurs tricolores ont fait des étincelles l’an passé et affichent des résultats à faire pâlir les champions allemands, japonais ou coréens.

Après Plastic Omnium et Faurecia, la semaine dernière, Valeo a fermé le bal du trio de tête français, jeudi 22 février, en publiant un chiffre d’affaires en hausse de 12 %, à 18,6 milliards d’euros. Le résultat net aurait pu tutoyer la barre symbolique – et jamais atteinte chez Valeo – du milliard d’euros de profits, n’eût été une opération comptable liée à la réforme fiscale américaine qui a amputé le bénéfice de 117 millions d’euros, le faisant finalement ressortir en baisse de 4 % par rapport à 2016.

« Nous avons réalisé une très belle année, s’est félicité Jacques Aschenbroich, le PDG du groupe. C’est une satisfaction d’autant plus grande qu’en 2017 l’environnement est devenu plus instable que par le passé. La volatilité des monnaies et des matières premières nous a compliqué la tâche. » Ses explications n’ont toutefois pas totalement convaincu les analystes, qui ont été déçus par les performances du dernier trimestre 2017 et les prévisions de croissance pour 2018 (5 % en organique) inférieures à leurs anticipations. Leur déception a fait dévisser le cours de la société de plus de 10 %, vendredi 23 février.

Un rythme vertigineux

Pourtant, l’expansion de Valeo, comme celle de Faurecia ou Plastic Omnium, se poursuit à un rythme vertigineux, six fois plus rapide que la croissance du marché automobile mondial (+ 2 % l’an dernier). Pour se faire une idée du chemin parcouru par le dixième équipementier mondial et deuxième français, il suffit de regarder la marge opérationnelle de 2007 (environ 350 millions d’euros) pour la comparer à celle réalisée dix ans plus tard : 1,5 milliard.

« Hyundai, en particulier, nous a élevés au rang de meilleur fournisseur, ce qui est rare pour un non-Coréen. » Patrick Holler, directeur général de Faurecia

Du côté de Faurecia, le premier équipementier français (et huitième mondial) avec ses 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les motifs de satisfaction sont aussi nombreux, malgré un léger recul du résultat net (– 4,3 %), qui se monte à 610,2 millions en 2017. Les ventes dites à valeur ajoutée ont augmenté de 10,6 %, le bénéfice opérationnel de 20,6 % et surtout les prises de commandes (qui sécurisent les chiffres d’affaires du futur) ont atteint un niveau record : 62 milliards d’euros.

« Nous avons amélioré ce que j’appelle “l’intimité client”, cette capacité à construire et à consolider la confiance des constructeurs, se réjouit Patrick Koller, directeur général de Faurecia. Le résultat, c’est 40 récompenses décernées par nos clients cette année. Hyundai, en particulier, nous a élevés au rang de meilleur fournisseur, ce qui est rare pour un non-Coréen. »

Coup de maître

Chez Valeo, les commandes ont atteint 37 milliards d’euros, dont 10 milliards pour la seule coentreprise créée avec Siemens dans le moteur électrique. Un coup de maître pour cette joint-venture fondée en 2016 sur un marché en pleine expansion.

Si, pour le moment, elle ne génère que 100 millions de chiffre d’affaires, celui-ci devrait, d’ici quatre ans, dépasser les 2 milliards par an. Le groupe deviendrait alors un leadeur mondial dans le segment le plus dynamique du marché, la voiture électrique : « 50 % des commandes se font sur des innovations issues de notre recherche et qui ne sont pas encore sur le marché », souligne M. Aschenbroich. Des perspectives qui, selon lui, ne sont pas encore prises en compte par le marché.

Quant au troisième larron, Plastic Omnium, Petit Poucet de la bande avec ses 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, sa croissance et son agilité laissent pantois. C’est sa troisième année record d’affilée, avec une marge qui frôle les 10 % du chiffre d’affaires – un niveau rare dans l’automobile – et des bénéfices en hausse de 36 %.

Il est à noter que les trois entreprises ont des structures d’actionnariats très différentes. Valeo, au capital très éclaté, est dominé par une poignée de fonds d’investissement, Faurecia est propriété du constructeur PSA, et Plastic Omnium est une société familiale contrôlée par la famille de Laurent Burelle, le PDG et fils du fondateur Pierre Burelle.