L’enseignement supérieur français continue de décliner, faute de moyens
L’enseignement supérieur français continue de décliner, faute de moyens
Par Adrien de Tricornot
Selon le classement mondial QS par discipline, « les institutions françaises régressent plus qu’aucun autre système d’enseignement supérieur en Europe ».
Le classement mondial des universités par domaine disciplinaire réalisé par le cabinet londonien Quacquarelli Symonds (QS) n’est pas tendre pour l’enseignement supérieur français : « Les institutions françaises régressent plus qu’aucun autre système d’enseignement supérieur en Europe », estiment les analystes. Leur palmarès distingue les meilleurs établissements dans 48 disciplines, dont deux nouvelles sont introduites cette année : histoire ancienne et classique ; sciences de l’information et des bibliothèques.
L’université Paris-Sorbonne (Paris-IV) en profite pour faire son apparition en 5e position dans la nouvelle catégorie d’histoire ancienne et classique. Le cabinet s’appuie notamment sur des enquêtes auprès des professionnels de l’enseignement supérieur et des employeurs, et prend en compte des données telles que le ratio d’encadrement (nombre de professeurs et de professeurs internationaux par étudiant), ou l’impact de la recherche (citation des travaux des chercheurs dans les revues académiques).
Des universités tirent leur épingle du jeu
Poursuivant sa tendance dans cette enquête, la perte de vitesse des départements disciplinaires français se confirme globalement en 2018, en raison du manque de moyens dont disposent les établissements, notamment en recherche. Certains, néanmoins, tirent encore leur épingle du jeu. L’université française qui apparaît le plus dans le palmarès QS est ainsi celle de Strasbourg, classée par le cabinet dans 16 disciplines, devant l’Université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, également membre de Paris-Sorbonne) et l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, chacune étant classée dans quinze disciplines.
Mais l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne est celle qui collectionne le plus grand nombre de meilleures places : six de ses départements figurent parmi les 50 meilleurs du monde dans leur domaine, selon le cabinet, alors qu’aucune autre institution française n’est classée plus de trois fois.
D’autre part, le rang le plus élevé pour une institution française est atteint par l’Institut européen d’administration des affaires (Insead), sa formation au management pour les cadres dirigeants est classée 2e mondiale pour les études de « business et management ». (Le classement détaillé des établissements français est à retrouver au bas de cet article.)
La mauvaise performance des universités n’est pas une surprise puisque le classement général QS des établissements, déjà publié en juin 2017, faisait apparaître une quatrième année successive de baisse pour les établissements d’enseignement supérieur français.
Manque de moyens pour la recherche
« Le nombre et la proportion de départements français en baisse ne sont pas aussi importants qu’ils l’étaient l’an dernier », explique Ben Sowter, directeur de recherche chez QS à propos de la nouvelle édition de son classement sectoriel. Mais la France n’était pas la seule à connaître un déclin en 2017, où « le Royaume Uni, l’Allemagne et d’autres nations européennes ont chuté », ajoute-t-il. Alors qu’en 2018, « la France continue de reculer, tandis que d’autres grands pays de l’enseignement supérieur dans la région ont stabilisé ou amélioré leurs performances », note-t-il.
Pourtant, souligne Ben Sowter, « l’excellence est toujours au rendez-vous » dans les établissements d’enseignement supérieur : l’opinion des employeurs sur leurs diplômés ne varie pas. « Mais les scores d’impact de la recherche en France sont en baisse, ce qui rendra l’engagement d’Emmanuel Macron en faveur de nouveaux financements pour la recherche et l’innovation particulièrement bienvenu pour les institutions françaises qui ressentent l’impact des coupes budgétaires », ajoute M. Sowter. (Le classement détaillé des performances des pays d’Europe de l’Ouest est à retrouver au bas de cet article.)
Au sommet de son classement international, QS souligne enfin que Harvard « est à nouveau l’institution dominante », puisqu’elle occupe la première place dans 14 des 48 disciplines, suivie par le Massachusetts Institute of Technology (12). « La seule autre institution qui a plus d’une première position est l’université d’Oxford, qui prend la tête pour 4 disciplines. »
Mais « les universités du Royaume Uni résistent face au Brexit », puisque 10 disciplines, outre-Manche, sont classées en première position mondiale dans leur domaine. Et parmi les établissements dont les départements sont le plus souvent cités dans le top 10 des 48 disciplines, ce sont encore les universités de Cambridge et d’Oxford qui dominent ce classement.
Les meilleurs établissements français dans leur discipline :
La perte de vitesse des établissements français en Europe de l’Ouest :
Un classement général toujours dominé par le Royaume-Uni et les Etats-Unis :