L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Avec sa bande de copains, David, jeune homme de 20 ans, distribue aux plus démunis l’argent récolté lors de petits braquages. Brillant à l’école mais désireux de ne pas suivre une voie conventionnelle, David est habité par des valeurs en contradiction avec le monde dans lequel il vit : l’autorité, le patriotisme et le sens du devoir. Un jour, lui et sa bande braquent un ancien légionnaire qui a vécu les guerres d’Algérie et d’Indochine. Le jeune homme le recroise par hasard dans le métro et noue avec lui une profonde amitié, captivé par les récits de cet homme de 90 ans qui nourrissent sa fascination pour la guerre et le monde militaire.

Jeunesse aux cœurs ardents est une nouvelle pierre ajoutée à l’édifice de la filmographie singulière de Cheyenne-Marie Carron, jeune cinéaste qui écrit, produit et réalise à un rythme effréné des films exaltant non sans mélancolie des valeurs patriotiques et ne ressemblant à rien d’autre dans le paysage du cinéma français. On pense au dernier film de Clint Eastwood, Le 15 h 17 pour Paris, qui tirait le portrait d’une bande de jeunes garçons en décalage par rapport à une société devenue trop nihiliste et hédoniste pour leur soif d’idéal et d’aventure.

Jeunesse aux cœurs ardents est, à sa manière, une sorte de teen movie réac où le héros, plus conservateur que ses parents, finira par embrasser sa vocation pour donner un sens à sa vie – on frise parfois le spot promotionnel pour l’armée française. Et si l’on peut être gêné par certains propos tenus lors des nombreuses conversations qui ponctuent le film, la cinéaste parvient à modérer savamment les discours les plus provocateurs. Malgré quelques ambiguïtés qui laissent perplexe, on ne peut qu’être saisi par cet étrange film de plus de deux heures qui revendique une forme de candeur et d’inactualité.

Drame français de Cheyenne-Marie Carron. Avec André Thiéblemont, Arnaud Jouan (2 h 25).