Augmenter les effectifs « urgemment ». C’est la « priorité » pour l’intersyndicale appelant à la grève jeudi 15 mars dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les services d’aide à domicile, les hôpitaux gériatriques et autres structures en charge du grand âge.

« On ne peut plus admettre que des personnes âgées ne soient pas douchées régulièrement », que leurs repas soient expédiés, résume Mireille Stivala (CGT) au nom de neuf autres syndicats (FSU, Fédération autonome de la fonction publique, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, Solidaires, Union fédérale action sociale et Unsa) et de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). « Les résidents, on est obligé de les bousculer un peu. Il n’y a pas d’échange entre les soignants et les soignés », confie Emilienne Nyambal, qui travaille depuis sept ans à l’Ehpad des Chenets, à Courbevoie.

Alors qu’un rassemblement est organisé depuis 13 heures sous ses fenêtres, à Paris, une délégation était reçue à la mi-journée au ministère des solidarités et de la santé. Les revendications : de meilleurs salaires et conditions de travail, l’abrogation de la réforme du financement des Ehpad. Et surtout un ratio d’un salarié tous personnels confondus pour un résident, contre 0,6 en moyenne actuellement. Une demande qui serait « pratiquement » satisfaite si la proposition de doubler le ratio de soignants en quatre ans, formulée dans un rapport parlementaire publié mercredi, était mise en œuvre. Soit plus de 200 000 recrutements, pour un coût de 7 milliards à 10 milliards d’euros.

Mais la ministre a déjà fait savoir que la France n’avait « pas les moyens budgétaires » de garantir le ratio d’un pour un. Une position « rigide et inflexible », a réagi jeudi le leader de FO, Jean-Claude Mailly. Le syndicaliste a suggéré de consacrer aux Ehpad une « partie » des recettes fiscales supplémentaires enregistrées en 2017. Concernant la réforme du financement des Ehpad qui a, selon elle, fait « 20 à 25 % » de perdants, la ministre promet d’en « neutraliser les effets négatifs » et n’exclut pas des « ajustements », en plus des 50 millions d’euros supplémentaires annoncés à la fin janvier. Elle présentera à la fin mars une feuille de route globale pour la prise en charge du vieillissement.

Les personnels des Ehpad avaient déjà organisé une première journée de mobilisation à la fin du mois de janvier, qui avait été très suivie.