L’université de Paris-Saclay conserve le label IDEX, et le projet toulousain recalé
L’université de Paris-Saclay conserve le label IDEX, et le projet toulousain recalé
Par Camille Stromboni
Cinq regroupements universitaires étaient sur les rangs dans la compétition de l’Initiative d’excellence, qui distingue des pôles de recherche à rayonnement mondial.
L’heure doit être au soulagement sur le plateau de Saclay (Essonne) : le regroupement universitaire reste dans la compétition de l’Initiative d’excellence (IDEX). Le verdict de cet appel à projets national, rendu public lundi 19 mars par le ministère de l’enseignement supérieur et le secrétariat général pour l’investissement, était fortement attendu.
Plusieurs pôles universitaires étaient sur la sellette depuis 2016, date à laquelle ils avaient été sommés de faire leurs preuves dans les deux ans, pour conserver ou récupérer le label d’excellence et l’enveloppe financière qui l’accompagne.
Lancée sous Nicolas Sarkozy puis poursuivie par la gauche, l’IDEX vise à faire émerger une dizaine d’universités de recherche pluridisciplinaires de rayonnement mondial, disposant d’une puissance scientifique de premier plan dans de larges champs de la connaissance, avec, à la clé, des enveloppes d’une vingtaine de millions d’euros par an. Des moyens cruciaux en cette période de restrictions budgétaires.
Un feu vert donné pour Saclay, sous condition
Parmi les regroupements sur le fil, Saclay se retrouve donc confirmé – et bénéficiera ainsi d’un financement d’une trentaine de millions par an – à l’issue des auditions menées par le jury international. Et ce, malgré la scission intervenue avec plusieurs grandes écoles du plateau francilien, dont la prestigieuse Polytechnique, qui ne font plus partie de l’université Paris-Saclay.
Ce feu vert est cependant donné par le premier ministre, Edouard Philippe, suivant les recommandations du jury, sous condition : le projet qui réunit, désormais, l’université Paris-Sud, CentraleSupelec ou encore l’ENS Saclay et AgroParisTech, bénéficie, en effet, d’une prolongation de trente mois pour « créer une grande université de recherche aux standards internationaux », avec, d’ici là, une ultime procédure de vérification.
Ce nouveau jalon est fixé aux projets qui « touchent au but mais n’ont pas encore atteint pleinement leur objectif », précise le gouvernement, qui a réservé le même sort à l’université Paris sciences et lettres, qui réunit notamment Paris-Dauphine, l’ENS Paris, l’EHESS ou encore Chimie ParisTech, Mines ParisTech, et l’ESPCI. Son homologue Sorbonne université, issue de la fusion des universités Pierre-et-Marie-Curie et Paris-Sorbonne intervenue le 1er janvier, est, pour sa part, confirmée définitivement, et bénéficiera donc sans limitation de durée de son financement annuel. Elle rejoint ainsi les pôles bordelais, strasbourgeois et celui d’Aix-Marseille, définitivement labellisés en 2016.
Dernier projet parisien évalué, l’université de Paris, qui prévoit la création d’un nouvel établissement dès janvier 2019 – unissant les universités Paris-Descartes, Paris-Diderot, et l’Institut de physique du globe de Paris –, décroche sa place parmi les IDEX avec une période probatoire de quatre ans. Le projet a fortement évolué entre les différentes phases de sélection : plusieurs de ses membres initiaux, tels la Sorbonne-Nouvelle, Paris-XIII ou encore Sciences Po, ne font plus partie du projet d’établissement unique.
La « déception » pour les porteurs du projet toulousain
En revanche, l’heure est à la « déception » et à « l’incompréhension » pour les porteurs du projet toulousain, selon les mots de Philippe Raimbault, président de l’université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées. Le coup est sévère : le projet, qui retentait sa chance après un premier échec en mai 2016, est de nouveau recalé. Malgré « le potentiel scientifique remarquable du site toulousain » et les « avancées réalisées dans un contexte difficile », le jury international a, en effet, jugé celui-ci « insuffisant », « faute d’une réelle adhésion de tous les acteurs à une véritable démarche de transformation ».
« Nous ne savons pas si le jury fait allusion à l’absence de certains établissements [par exemple, l’université Toulouse-I Capitole] ou à la contestation en cours à l’université Jean-Jaurès [ex-Le Mirail] », explique M. Raimbault, dans l’attente du rapport complet du jury.
Depuis plusieurs mois, une partie des étudiants et des personnels de l’université Jean-Jaurès s’oppose à ce projet de « fusion » avec l’université Toulouse-III et deux écoles d’ingénieurs. Une assemblée générale était prévue dans la journée de lundi pour décider des suites du blocage total de l’université, qui a débuté le 6 mars. La réforme des règles à l’entrée de l’université, dénoncée comme l’instauration d’une sélection, fait également partie des motifs de mobilisation.
Dix millions d’euros de rallonge pour la réforme de l’université
Une enveloppe supplémentaire va être débloquée par le premier ministre, Edouard Philippe, pour accompagner la mise en œuvre de la réforme de l’accès à l’université, a annoncé Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, dans Libération, lundi 19 mars.
Huit millions d’euros serviront à financer les futurs « parcours personnalisés » des étudiants, avec des modules d’accompagnement visant à favoriser la réussite en licence. Deux millions d’euros seront utilisés pour l’indemnisation des enseignants-chercheurs chargés de l’examen des dossiers déposés sur Parcoursup par les candidats à l’entrée en licence. Des sommes qui s’ajoutent aux 25 millions d’euros promis par le gouvernement pour financer les diverses mesures de cette réforme et la création de places dans les établissements du supérieur afin de pouvoir accueillir les élèves actuellement en terminale, qui sont 28 000 de plus que l’an dernier.