Jérémie Renier et son demi-frère Yannick signent le scénario et la réalisation de « Carnivores ». | Laetitia de Montalembert

C’est une histoire vieille comme celle d’Abel et de Caïn. Dans Carnivores, Mona (jouée par Leïla Bekhti) est une jeune femme promise à un avenir de comédienne, qui se voit ravir le rôle par Sam, sa petite sœur (Zita Hanrot). Au scénario comme à la réalisation, deux demi-frères : Yannick (42 ans, comédien de théâtre et de cinéma) et Jérémie Renier (37 ans, chouchou des frères Dardenne et de François Ozon).

Ce n’est pas la première fois que le brun et le blond se retrouvent sur un plateau : en 2006, dans Nue propriété, de Joachim Lafosse, ils jouaient les fils d’Isabelle Huppert. Et c’est sur ce film qu’est née l’envie de travailler ensemble. « Nous faisons le même métier et avions envie de mettre en commun la richesse de nos expériences, de les confronter aussi. D’autant que notre différence de notoriété a pu à la fois porter à rire et être cruelle », explique Yannick Renier, davantage dans l’ombre que son cadet, quelque quarante-cinq longs-métrages au compteur, dont Saint Laurent et Cloclo.

Carnivores (2018) - Trailer (French)
Durée : 01:40

« Heureusement pour nous, et contrairement aux personnages de notre film, nous en avons toujours parlé, précise Jérémie. Nous avons donc eu envie de projeter cette rivalité fraternelle, légendaire, mythique, dans un thriller psychologique et de voir, en poussant la machine jusqu’au bout, ce que cela peut donner quand les non-dits subsistent. »

Plaisir partagé

C’est à quatre mains qu’ils écrivent, jouant parfois eux-mêmes les scènes, et se faisant aider par deux coscénaristes. Ensemble qu’ils tournent, partageant, pendant huit semaines, le même appartement. « Tout s’est fait en confiance totale et en totale concertation », affirme ce monstre à deux têtes.

Si les deux frères ont pris énormément de plaisir à tourner ce film, Yannick tempère, dans l’immédiat, son désir de réalisateur : « En tant qu’acteur, on peut se reposer sur les autres, on est protégé. Vu l’investissement et la concentration que nécessite la réalisation, il faut que cela soit absolument vital pour se lancer. » Jérémie, lui, a plus qu’envie d’y retourner : « La création a été jouissive. Je me suis vraiment senti à ma place. »

« Jérémie a toujours rêvé d’être réalisateur. Déjà, tout petit, il avait une caméra à la main », se souvient son frère. Et d’ajouter, après l’avoir vu à l’œuvre : « Il peut voir ou entendre ce que personne ne remarque : le chant des oiseaux, un point de couleur qui a changé entre deux prises. Il a un sens et une mémoire du détail qui sont ceux d’un réalisateur. » Un hommage très fraternel.

« Carnivores », de Jérémie et Yannick Renier, avec Leïla Bekhti et Zita Hanrot. En salle le 28 mars.